Marietta KARAMANLI interroge le commissaire européen sur les risques économiques qui continuent d’exister en Europe et le Monde et rappelle l’effet positif qu’aurait sur la croissance une politique de relance coordonnée

Lors de la réunion conjointe de la commission des finances et de la commission des affaires européennes à l’Assemblée Nationale le 13 décembre 2017, j’ai interrogé Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières, à la fiscalité et aux douanes, sur les risques économiques existant dans et hors la zone euro du fait d’une politique monétaire de soutien ayant bénéficié à certains secteurs parfois spéculatifs (on désigne par « bulle » un niveau de prix d’échanges sur un marché sans rapport réel avec la valeur financière propre aux biens ou actifs échangés). J’ai rappelé à cette occasion qu’une étude menée par plusieurs économistes et universitaires européens montraient les effets bénéfiques pour la croissance d’une augmentation maîtrisée des dépenses publiques, une taxation progressive des revenus et une prise en compte des salaires suivie de façon coordonnée dans et par plusieurs pays.

Le commissaire, dans sa réponse, a fait valoir la nécessité d’une coordination et d’un nécessaire partage des effets d’une meilleure croissance.

Je reste attentive à l’évolution de la politique économique en Europe et je soutien le principe d’une action plus favorable à la croissance, mesurée, coordonnée et surtout favorable au plus grand nombre.

Commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire, Mercredi 13 décembre 2017, Séance de 8 heures 30, Compte rendu n° 55

Audition, conjointe avec la commission des affaires européennes, de M. Pierre MOSCOVICI, commissaire européen aux affaires économiques et financières, à la fiscalité et aux douanes

Mme Marietta Karamanli.

Le groupe Nouvelle Gauche a pris acte de la bonne nouvelle que vous avez annoncée tout à l’heure, mais nous insistons néanmoins sur le risque de non-conformité en matière de déficit structurel, selon la Commission, qui table sur une dégradation de 0,4 point, quand le Gouvernement annonce un effort de 0,1 point.

La Banque centrale européenne devrait préciser demain comment elle va réduire sa politique exceptionnelle de soutien au crédit. D’après des experts, il existe des risques de bulle liés à la politique monétaire suivie pour le maintien des actions, des obligations ou de l’immobilier. Certains pointent ainsi les risques résultant de l’endettement des entreprises. Comment la Commission voit-elle les perspectives et de quelle manière entend-elle accompagner l’économie dans ce contexte. En réponse à la fracture économique et sociale qui est exacerbée par la crise économique dans l’Union européenne depuis 2008, une récente étude montre qu’une action coordonnée reposant sur une augmentation simultanée des dépenses publiques, sur une taxation plus progressive des revenus et sur une meilleure prise en compte des salaires dans chaque pays aurait un effet positif sur l’investissement public et privé, ainsi que sur le solde budgétaire. La coordination au sein de la zone euro doit permettre de retrouver le chemin de la prospérité, et pas seulement celui de l’équilibre. Quelles initiatives la Commission compte-t-elle prendre ?

Le commissaire européen.

Mme Karamanli m’a interrogé sur la politique de la BCE : je ne peux faire aucun commentaire, si ce n’est qu’il faut faire confiance à M. Draghi. En matière de coordination de politique économique, j’insiste de nouveau sur la fonction de stabilisation, qui doit selon moi être significative, que ce soit une ligne budgétaire dans le budget européen ou un budget de la zone euro. C’est une fonction décisive car l’objectif est bien celui décrit par Jean-Louis Bourlanges : réduire les divergences.

Nous sommes aujourd’hui dans une phase économique plus heureuse, avec de la croissance et de la création d’emplois, mais nous savons que les cycles sont destinés à s’inverser, et si les gens ont le sentiment que ce sont toujours les mêmes qui bénéficient et toujours les mêmes qui paient, ça ne va pas. Les instruments de convergence sont donc indispensables.