Le 8 mars dernier j’ai été interrogée par un journal local sur le débat national sur la laïcité que veut le Président de la République, que lance le gouvernement et que soutient l’UMP.
J’y vois une « manoeuvre » au mauvais sens du terme pour faire croire que le pouvoir exécutif serait à même de défendre les valeurs de la République, pour distraire l’opinion des enjeux économiques et sociaux du moment, et peut-être pour montrer du doigt une des religions de la France contemporaine. Je constate surtout que l’école publique vecteur depuis plus de cent ans de la liberté de conscience et de l’autonomie des personnes par rapport à leur famille, leur communauté de proximité et aux religions est mise à mal et contestée par ce même pouvoir. C’est la laïcité qui est moderne et le pouvoir qui l’instrumentalise qui est archaïque.
Voici en quelques lignes, ma position.
Dès 2007 le Président de la République a posé de la plus mauvaise façon qui soit la question de la laïcité indiquant que les origines de notre pays seraient « essentiellement chrétiennes » et expliquant qu’ « une morale laïque » serait insuffisante.
J’ai rappelé alors (par une question au ministre de l’éducation) que c’était mal connaître les fondements de la France moderne qui fait de la laïcité un fondement du pacte républicain depuis la Révolution française.
Ferdinand BUISSON père de l’enseignement public (enseignement aujourd’hui mis à mal par la politique voulue par le Président de la République!) disait en 1903 que « Cet enseignement moral porte la claire notion du devoir, des idées de justice et de bonté, l’habitude de la réflexion, la culture de la conscience, l’amour du travail, le sentiment des droits de l’homme et de la dignité humaine€¦ distribué sous forme purement laïque par l’école Républicaine »
En 2011 le Président et le Gouvernement proposent un débat sur l’islam, deuxième religion de notre pays, qu’ils transforment en débat sur la laïcité supposé garantir la liberté du culte (déjà posée au plan des principes !).
Je souhaite rappeler qu’un tel débat ne doit pas chercher à opposer une religion à une autre, à en privilégier une par rapport à une autre, à créer une diversion par rapport aux nombreux problèmes sociaux que vivent les Français.
Je veux dire que la laïcité a pour finalité de respecter tous les Français sans différence d’origines et de religions et doit aider les individus à être autonomes par la conscience (et non par la concurrence) comme le pensaient déjà les pères de la République.
Un tel message a toujours de l’avenir€¦à l’inverse de ce que croit le Président !