« L’avenir de l’automobile, l’enjeu d’un véhicule propre et d’un nouveau modèle industriel » par Marietta KARAMANLI

La revue du Trombinoscope d’avril 2021 a publié un article « L’avenir de l’automobile, l’enjeu d’un véhicule propre et d’un nouveau modèle industriel » dont je suis l’auteure.

J’y développe le point de vue suivant ; en l’état le modèle à venir devrait se caractériser par les points suivants : la neutralité carbone, la tranquillité du conducteur et la sécurité pour tous.

Selon de nombreux observateurs, l’avenir de l’automobile se fera assez loin du secteur industriel et beaucoup plus près du secteur numérique. Certains constructeurs historiques pourraient devenir des assembleurs comme le sont déjà certaines marques chinoises.

Trois éléments sont de nature à influer sur l’évolution de la voiture en Europe notre capacité à financer de façon suffisante la recherche et le développement dans le secteur, à mobiliser des fonds pour faire de l’innovation pensée comme une invention qui rencontre le marché, à continuer à produire car c’est en produisant qu’on sait innover.

Cette situation appelle une évolution du modèle industriel Français et Européen.

Il s’agit d’une modeste contribution et à un appel à préparer l’avenir notamment dans une région comme la nôtre marquée par une histoire industrielle liée pour une large part à l’automobile.

Je vous propose de retrouver ce texte à la suite.

Parler de la voiture automobile de demain reste une gageure malgré l’impératif qui s’attache à envisager ce qui doit être fait pour en orienter la conception, la production et l’utilisation.

Nous nous plaçons déjà dans la perspective que dans 20 ans la voiture existera toujours et n’aura pas été remplacée par « une » autre chose…Les préoccupations environnementales et le caractère routinier de la conduite automobile pourraient, il est vrai, avoir raison de la voiture mais rien ne permet d’être de l’affirmer.

De façon pratique « l‘automobilisation » de masse est en cours ; on annonce 3 milliards de voitures dans trente ans.

Un mode de propulsion non carboné, une conduite à mains libres, une assistance connectée numérique, telles sont les caractéristiques des voitures annoncées.

La prudence est de mise tant il y a déjà environ 10 ans on annonçait que la voiture électrique dominerait aujourd’hui…ce n’est pas encore le cas.

Ce qui est visé en tout cas, c’est la neutralité carbone, la tranquillité du conducteur et la sécurité pour tous. De quoi rendre plus attractive la voiture dont le succès depuis plus de cent ans est fondé sur le désir de se déplacer de façon autonome et libre malgré les coûts personnels et collectifs qui peuvent en résulter.

Revenons aux réflexions qui doivent accompagner les mutations en cours et dont les impacts nous concernent fortement comme producteurs historiques de voitures.

Selon une récente note du conseil d’analyse économique, l’industrie automobile qui employait en France 210 000 salariés (INSEE) à temps plein en 2017 et réalise environ 16 % des revenus de l’industrie manufacturière  est confrontée à des enjeux de compétitivité via des réductions des coûts de production ou des gains de productivité, et devrait l’objet d’encouragements à créer des clusters sans frein à l’automatisation.

D’autres voient une évolution beaucoup plus radicale : selon eux l’avenir de l’automobile se fera assez loin du secteur industriel et beaucoup plus près du secteur numérique. L’avantage serait désormais du côté de ce dernier secteur car la valeur ajoutée de la partie numérique d’une automobile augmentera.

Est-ce un hasard si les grands du numérique voire certains producteurs de matériels électroniques s’intéressent tant aux développements en cours et ont des projets de véhicules ? Certains constructeurs historiques pourraient devenir des assembleurs comme le sont déjà certaines marques chinoises.

On le voit les enjeux sont nombreux et ne sont pas seulement sociaux et environnementaux, mais étaient aussi industriels, économiques et donc politiques.

La crise sanitaire a montré que la question du maintien de la maîtrise d’une partie de la chaîne de la conception à la production de certains biens considérés comme stratégiques pour une population constituait un enjeu.

Les évolutions récentes nous montrent que trois éléments sont de nature à influer sur l’évolution de la voiture en Europe notre capacité à financer de façon suffisante la recherche et le développement dans le secteur, à mobiliser des fonds pour faire de l’innovation pensée comme une invention qui rencontre le marché, à continuer à produire car c’est en produisant qu’on sait innover…

On le voit derrière l’enjeu d’une voiture propre et au-delà même de cette évolution nécessaire est posée la question du modèle industriel Français et Européen.

Souhaitons que la voiture à propulsion non carbonée soit l’occasion d’une nouvelle vision de la souveraineté industrielle européenne.

Marietta KARAMANLI