Marietta KARAMANLI devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe « L’enseignement et la formation professionnels favorisent l’insertion durable sur le marché du travail »

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Devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe où je représente l’Assemblée Nationale française, je suis intervenue le 30 septembre 2014 dans le débat consacré à la gouvernance et la qualité de l’enseignement et à l’élévation du statut de l’enseignement et de la formation professionnels.
Compte tenu du temps limité accord à chaque orateur, je n’ai pu faire part à mes collègues des 47 Etats de que mes observations et propositions en matière d’enseignement et de formation professionnels.
J’ai insisté sur le fait que la formation devait être valorisée en ce sens qu’elle jouait le rôle de facteur de qualité dans l’adaptation des marchés du travail.
Elle doit donc être mieux utilisée pour accompagner les jeunes et les salariés en reconnaissant leurs acquis, en gérant leurs compétences, en assurant leur transférabilité en cas de changement d’entreprises ou de secteurs d’activités.
Elle est donc une alternative aux stages de formation et d’insertion qui ne débouchent pas sur ; si j’ose dire, une « employabilité » durable.
J’ai rappelé que la formation professionnelle profite peu, dans certains pays, aux moins qualifiés et aux plus modestes. Il faut donc inverser le mouvement.
J’ai aussi insisté sur l’existence d’expériences positives dans plusieurs pays, où existent des fondations de travail ou des dispositifs comparables organisant la transition d’une position (emploi) à une autre (formation ou activité d’intérêt général) sur le marché du travail.
La formation professionnelle apparaît donc comme un élément normal, prévisionnel et institutionnel qui devrait permettre de faire alterner emplois, formations ou autres activités sans « enfermer » les salariés dans la trappe du chômage.
Comme je le dis souvent ces interventions, peut-être générales, visent à affirmer des priorités et mobiliser les responsables publics sur des pistes à imaginer en faveur de l’emploi et de la qualification pour tous.
C’est une tâche importante qui fait que petit à petit les positions bougent et des solutions émergent.


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COMPTE RENDU de la trente et unième séance, Mardi 30 septembre 2014 à 15 h 30,
La séance est ouverte à 15 h 35 sous la présidence de Mme Brasseur, Présidente de l’Assemblée.

LA PRÉSIDENTE

La séance est ouverte.

2. Bonne gouvernance et meilleure qualité de l’enseignement
Elever le statut de l’enseignement et de la formation professionnels
(Débat conjoint)

LA PRÉSIDENTE

L’ordre du jour appelle notre débat conjoint.

Nous entendrons d’abord la présentation par M. Corsini du rapport de la commission de la culture, de la science, de l’éducation et des médias sur la « Bonne gouvernance et meilleure qualité de l’enseignement » (Doc. 13585).

Ensuite, M. Wach présentera le rapport de la commission de la culture, de la science, de l’éducation et des médias intitulé « Elever le statut de l’enseignement et de la formation professionnels » (Doc. 13590).

Comme convenu lors de la séance de ce matin, au vu du grand nombre d’orateurs inscrits dans les débats qui vont suivre, et afin de permettre à un maximum d’entre eux d’intervenir, le temps de parole des orateurs de la séance de cet après-midi sera limité à trois minutes.

Mme KARAMANLI (France)

Chers collègues, je suis heureuse d’intervenir dans ce débat à partir de ces deux rapports dont je souligne l’intérêt et l’opportunité. J’ajouterai trois observations qui complèteront le tableau dressé et le sens des recommandations.

La formation professionnelle contribue à la qualité du travail. Si dans le cadre des mutations économiques, plusieurs régimes d’ajustement de la force de travail existent en Europe, tous ne se valent pas et ne donnent pas priorité au même facteur d’ajustement. Parfois ce sont les prix, on agit sur les indemnités, la baisse de revenus, l’absence ou la dérogation au revenu minimum. Parfois ce sont les quantités, on a recours aux préretraités ou plus encore, à la réduction du temps de travail imposé. Enfin, c’est parfois sur la qualité du travail que l’on agit.

Là sont concernées les actions menées sur la formation, la validation des acquis de l’expérience, la gestion anticipatrice des compétences, la transférabilité de celles-ci ou encore l’organisation des transitions sur le marché du travail.

Dans ce cadre explicatif, l’importance de la formation professionnelle a toute sa place pour accompagner les jeunes et des salariés plus confirmés dans leur insertion professionnelle et sociale alors même que notre environnement économique est très mouvant.

Si la formation professionnelle est un élément de politique publique, c’est une mesure nécessaire, me semble-t-il, à l’inclusion professionnelle et à la lutte contre la précarité au travail. La formation et les compétences jouent un rôle primordial dans la constitution de collectifs stables de travail, elles permettent aux salariés d’accéder à ceux-ci.

La multiplication des stages de formation et d’insertion brouille la connexion entre formation et emploi. La formation professionnelle propose une voie d’insertion plus sûre que les voies informelles que sont l’intérim et les positions à durée déterminée.

Malgré cela, les études montrent que la formation professionnelle profite peu, dans certains pays, aux moins qualifiés et aux plus modestes. Les entreprises la concentrent sur les professions intermédiaires et en attendent des effets rapides sur leur productivité. Il faut inverser la situation, proposer de vrais parcours de qualification aux salariés les plus fragiles, utiliser le cadre et le financement des entreprises pour le faire et donner compétence aux organismes spécialisés, y compris aux universités, pour y participer.

Les pistes d’intervention sont multiples. Le rapport propose, entre autres, une meilleure reconnaissance, des financements adaptés et une plus grande attractivité de la formation professionnelle initiale et continue.

Je pense comme un certain nombre d’observateurs du marché du travail que certains dispositifs peuvent revaloriser la formation en l’inscrivant dans un cadre plus large. Dans plusieurs pays, des fondations de travail ou des dispositifs comparables organisent la transition sur le marché du travail.

La formation professionnelle apparaît comme un élément normal, prévisionnel et institutionnel. A ce titre, elle peut être reconnue et financée, et elle reste attractive car faisant partie d’un parcours sécurisé.

Je souhaite donc que nos Etats et les partenaires sociaux inscrivent leurs initiatives dans un tel cadre.