Marietta KARAMANLI « Mes propositions sur la place des femmes et l’actionnariat dans les grandes entreprises : changer le modèle managérial et valoriser l’actionnariat durable »

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La commission des lois a mis en place une mission d’information sur la transparence de la gouvernance des grandes entreprises.
J’en suis membre.
Cette mission vise à faire
1) un point de la gouvernance des grandes entreprises
et
2) des propositions en vue de prévenir le manque de transparence dans les processus décisionnels de leurs organes dirigeants et les excès de rémunération de leurs membres.
La mission s’intéresse notamment à

 la composition et au mode de fonctionnement des organes dirigeants des grandes entreprises (indépendance et responsabilité des mandataires sociaux, place des femmes, représentation des salariés, rôle de l’État actionnaire ou régulateur, rôle des agences de notation et de l’Autorité des marchés financiers€¦) ;

 à la rémunération des dirigeants-mandataires sociaux des grandes entreprises (clarification des modes de rémunération sous forme de stock-options, de distribution d’actions gratuites, d’indemnités de départ et de non concurrence€¦) ;

 à la lisibilité de la stratégie des grandes entreprises à moyen et long termes (clarté et exactitude des documents d’information financière, choix et évolution des méthodes de comptabilit逦).
J’ai eu l’occasion d’intervenir, le 28 novembre dernier lors de l’audition d’un représentant de la commission européenne, sur la place des femmes dans les organes dirigeants et sur l’actionnariat.
Je pense notamment nécessaire de valoriser les droits des actionnaires que je qualifie de durables et les droits de ceux qui acquièrent et vendent des actions selon une logique de spéculation.


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Le texte ayant servi de base à mon intervention lors de l’audition de Monsieur Ugo Bassi, Direction générale des marchés intérieurs et des services, chef d’unité, par la mission d’information sur la transparence de la gouvernance des grandes entreprises mise en place par la commission des lois de l’Assemblée Nationale.

La place des femmes dans les organes dirigeants

Plusieurs intervenants à l’occasion des auditions de la mission ont montré que les décisions des grandes entreprises avaient des effets sur nos vies au quotidien et que les sociétés en question étaient des éléments de référence dans la société civile.
Cela pose la question des décisions elles-mêmes et de la façon dont elles sont prises et contrôlées mais aussi de la représentativité des décideurs .
En 2011 sur 500 sociétés cotées sur Euronext seules 2% avaient à leur tête une femme PDG. Les hommes ne cèdent pas facilement les places du haut de la pyramide
Certes si la loi a augmenté le nombre d’administratrices dans les conseils en instituant des quotas obligatoires (20 % en 2014, 40 % en 2017), il semble que derrière cette avancée la pratique soit plus nuancée.
Dans les conseils, les femmes seraient surrepresentées dans les sous-comités d’audit qui ajoutent de vraies responsabilités et où il faut travailler dur et sous-représentées €“ à peine 7 % €“ dans les comités de rémunération ou de nomination, là justement où la représentativité et les carrières se jouent.
J’ai deux interrogations quels sont les objectifs affichés des grandes entreprises pour assurer cette meilleure représentativité dans les organes de direction et qu’est ce qui est fait pour améliorer la reconnaissance des femmes en leur sein globalement alors que ces entreprises sont devenues, comme je le disais, des éléments de référence pour la société civile.
Je pense que nous devrions travailler dans plusieurs directions.
D’une part, très en amont, les femmes optent souvent pour des filières moins «€‰rentables€‰» du point de vue de l’évolution des carrières et des salaires. Il convient d’y remédier .
D’autre part il faut changer le modèle du manager idéal fait notamment de disponibilité et de mobilité où les tâches domestiques objectivement et la maternité subjectivement sont vues comme des freins.
Enfin je l’ai écrit dans un article sur l’exercice du pouvoir, celui-ci est vu, ici comme ailleurs par exemple dans les partis politiques, comme l’apanage des hommes (c.a.d comme quelque chose de propre aux hommes).
Je pense donc qu’il faut agir à ces différents endroits

  Au niveau du recrutement,

  Dans la culture d’entreprise,

  Dans l’approche qu’on a du temps c’est-à-dire en montant que l’efficacité réside moins dans la longueur du temps passé que dans sa bonne utilisation et son partage.
II La question de l’actionnariat durable
La « grande déformation » de l’entreprise, engagée il y a trente ans avec la financiarisation de l’économie, a eu des répercussions immenses sur le management.

II La question de l’actionnariat durable

Ne faudrait-il pas reconstruire les droits et les devoirs des actionnaires durables
Le constat est qu’il y un raccourcissement des durées moyennes de détention d’actions, un désintérêt de l’actionnaire individuel pour les assemblées générales, et une emprise des logiques spéculatives.
Pourquoi ne pas distinguer les actionnaires-investisseurs (détenteurs durables des actions €“ 2 ans minimum), qui sont de véritables partenaires de l’entreprise (apport en capital durable) des actionnaires-spéculateurs (qui détiennent les actions pour des durées courtes €“ moins de deux ans), qui assurent seulement la fonction d’évaluation de la société.
Et logiquement réserver

  des droits de vote aux seuls actionnaires durables,

  les dividendes aux seuls actionnaires durables (qui ont contribué à la création du profit)

  voire faciliter l’activisme actionnarial en donnant aux actionnaires la possibilité de se regrouper en associations qui seraient enregistrées auprès des entreprises et auraient la faculté de voter pour le compte de leurs adhérents, personnes physiques.