Le magazine MARIANNE a publié, en fin de semaine passée, une tribune que j’ai proposée et qui a été co-signée par 19 autres député-e-s socialistes
Elle y est parue, sous le titre, « Vingt députés socialistes signent une tribune : « Nous avons défendu un progrès réaliste » »
J’ai pris l’initiative de cette tribune avec pour objectifs, entre autres, de :
rappeler, certes brièvement, le travail de fond des député-e-s socialistes accompli dans un contexte difficile d’endettement profond du pays et de difficultés internationales persistantes et pour certaines nouvelles ;
montrer la nécessité d’une action progressive fondée sur le compromis tant en Europe qu’en France ;
insister sur le fait que les progrès accomplis sont et restent une étape à poursuivre en conciliant la préoccupation de l’égalité et de l’efficacité.
Mes collègues ont signé cette tribune avec le souhait de rappeler les enjeux, de ne pas céder à un discours de surenchère et de discuter le plus objectivement de ce qui doit nous guider dans les mois à venir.
Cordialement
Marietta KARAMANLI
Retrouvez la tribune sur le site de Marianne
à partir du lien suivant
marianne.net/vingt-deputes-socialistes-signent-tribune-nous-avons-defendu-progres-realiste-100243097.html
En voici le texte
« Donner du sens au passé et des perspectives pour demain »
Députés, nous avons œuvré depuis quatre ans à concilier une meilleure efficacité de l’action publique et une plus grande égalité des opportunités. Nous avons travaillé « nos » textes de loi avec la volonté d’un progrès réaliste.
Le lent retour aux équilibres
Fin 2015 notre pays comptait 3,45 millions de demandeurs emplois. Si certains pays ont commencé à inverser la courbe du chômage ou ont un taux de chômage plus faible c’est qu’ils ont connu un effet de rattrapage et allaient plus mal. Si d’autres pays ont créé de l’emploi, ils l’ont fait souvent en misant sur des emplois de moindre qualité à temps partiel ou sans salaire minimum. Notre pays connaît la contrepartie de son dynamisme démographique (il sera à long terme une opportunité) : chez nous si 800 000 jeunes arrivent sur le marché du travail, il y a 650 000 départs en retraite chaque année. En Allemagne si 800 000 jeunes arrivent sur le marché du travail, il y a 900 000 départs en retraite chaque année. La comparaison relativise aussi ce qui serait notre exception. Depuis 2012 plus d’une dizaine de types de contrats et dispositifs d’insertion par le travail et l’activité ont été mis en œuvre en direction des publics fragiles. Le financement de l’investissement a été aidé et développé. En 2015, 100 000 emplois nets auront été créés. Certes les résultats ne sont pas à la hauteur de ce que nous pouvions espérer mais nous n’avons pas à rougir des efforts réels faits. Au fond ce qui manque ce sont de nouvelles politiques publiques européennes en faveur de l’investissement durable, celui qui crée de l’emploi dans une industrie à verdir, dans la transition énergétique, et l’innovation.
Il nous faut retrouver des marges que la droite a ruiné avec 600 milliards d’€ de dettes en plus entre 2007 et 2012. Mais refaire son retard demande du temps. L’amélioration des finances publiques et sociales est en cours. En 2016 le déficit public atteindra 3,3 % du PIB alors qu’il était encore de près de 5 % en 2012.
De textes utiles à de « bonnes » lois
Nous avons adopté de nombreux textes. Mariage pour tous, refondation de l’école, retraites, transition énergétique, vieillissement, logement, consommation, modernisation du système de santé ou de la justice, numérique, immigration…
Les textes ne seront de « bonnes » lois que si les acteurs s’en saisissent avec l’esprit de justice et le souci de l’efficacité. Nous avons fait œuvre de réforme, le mot changement s’avérant parfois peu adapté pour illustrer un mouvement de fond, réel mais pas suffisamment rapide pour ceux qui connaissent des difficultés. Le plus souvent nous avons amélioré les textes initiaux déposés ; nous aurions, parfois, aimé aller au-delà.
Convaincre
Le libéralisme économique a changé et a choisi un cadre mondial alors que les politiques sociales sont restées de l’ordre des questions intérieures à chaque Etat ce qui a probablement conforté l’idée que la globalisation des marchés avait définitivement gagné la partie et que la solidarité, limitée, l’avait perdu. L’Europe est le cadre nouveau de l’action pertinente pour tous les sujets transnationaux.
Nous sommes au milieu du gué : d’une part, une réorientation de la politique publique dans bon nombre de domaines suppose un accord majoritaire avec d’autres Etats ; d’autre part, il y a une crise politique née de la difficulté des dirigeants au plan européen à trouver un langage commun. Les tendances xénophobes et isolationnistes, rendent difficile le projet européen. Une partie de nos concitoyens est tentée par le retour de la droite qui, après avoir largement dégradé la situation de l’Etat, propose des « remèdes de cheval ». Une autre partie de nos concitoyens est tentée par le verbe populiste du « chez nous sans les autres » malgré son incohérence démocratique et économique
De nombreux français se sentent frustrés. Les politiques publiques, demandent des délibérations, de l’appropriation et du temps quand il s’agit de construire du nouveau. Il est plus facile de déréglementer et d’ériger des frontières que de construire des systèmes de droits sociaux européens ou de faire du droit à la mobilité professionnelle un droit concret.
Lutter contre le déficit d’optimisme
Nous sommes nombreux à avoir été des députés refusant le mépris, exerçant pleinement notre libre arbitre pour améliorer les textes, loyaux avec l’exécutif, travaillant dans la durée sans annoncer la « fin » de l’Etat-providence ou de la gauche ce qui, dans un moment d’incertitudes accrues, peut toujours apparaître comme possible. Nous entendons faire passer le message d’une volonté durable. Nous devons être forts de nos doutes et d’un bilan qui n’est qu’une étape. Nous formulons l’idée que notre République a besoin de plus de délibération collective et de participation des citoyens. Nous devons préparer une nouvelle étape utilisant les marges regagnées. A nous de nous battre pour faire avancer de nouveaux projets pour la Gauche et la France.
Signataires : Marietta KARAMANLI, François ANDRE, Brigitte BOURGUIGNON, Jean-Jacques BRIDEY, Jean-Claude BUISINE, Marie-Anne CHAPDELAINE, Jean-Michel CLEMENT, Valérie CORRE, Jean-Paul DUPRE, Michèle FOURNIER-ARMAND, Elisabeth GUIGOU, Hervé PELLOIS, Michel ISSINDOU, Henri JIBRAYEL, Conchita LACUEY, Dominique LEFEBVRE, Philippe MARTIN, Philippe PLISSON, Christophe PREMAT, Christophe SIRUGUE