« Mission en GRECE (mars 2019), affirmer l’amitié Française en Grèce, comprendre les attentes de notre partenaire en Europe, agir de concert pour y retrouver la prospérité » par Marietta KARAMANLI

Du 22 au 29 mars 2019 je me suis rendue en GRECE dans le cadre de mes activités à la fois de Présidente du Groupe d’Amitié France-Grèce à l’Assemblée Nationale et de membre du bureau de la Commission des Affaires Européennes de la même assemblée.

J’étais invitée à l’Institut Français de PATRAS à venir présenter le 22 mars la place et le rôle de la France dans la première révolution Grecque en 1821 et l’importance que les relations entre la France et la Grèce entretiennent depuis.

INVITATION 22 mars 2019

J’y ai rencontré outre les responsables de l’Institut Français, Mme Georgia Petropoulou, directrice (à droite sur la photo) , M. Andreas TSILIRAS, éditeur et Mme Xeni BALOTI, ( à gauche sur la photo) historienne spécialiste de la Révolution française et du 1er Empire.

 

Je me suis rendue à VOLOS, ville dont je suis la citoyenne d’Honneur pour y participer à la Fête nationale du 25 mars et les commémorations avec les autorités civiles, militaires et ecclésiastiques.

J’ai rejoint ATHENES pour y retrouver le bureau de la commission des affaires européennes.

J’ai donné une interview à la Radio Athènes 94 sur les élections et l’avenir de la Gauche en Grèce et en Europe.

Vous pouvez la retrouver sur le site de la Radio 

En voici les grandes lignes (aux alentours et à partir de la 46ème minute)

Pour dire simplement les choses : la sociale démocratie peine à convaincre que la société a besoin d’elle ?

Vous avez raison en Europe le contexte est souvent très semblable. La droite pourtant divisée gagne. La Gauche manque de crédibilité et a perdu une identité claire.

Il nous faut partir de deux constats qui sont restées implicites il faut être réaliste et essayer d’apporter des réponses justes et efficaces c’est ce que j’appelle être réformiste.

L’historien Donald SASSOON   a bien mis en évidence que le capitalisme et le socialisme démocratique étaient depuis plus de 100 ans en Europe inextricablement liés. Ils sont dans un rapport de compétition mais aussi d’apports et de partages réciproques.

Le capitalisme a rapidement choisi un cadre mondial et les politiques sociales sont restées de l’ordre des questions intérieures à chaque Etat ce qui a probablement conforté l’idée que la globalisation de l’économie avec tout ce qui l’accompagnait (déclin industriel, sentiment d’un effritement des classes sociales, pressions sur les salaires, le travail et le sentiment d’appartenance,) avait gagné et la solidarité qui s’effritait, avait perdu.

Le déclin de ce qui est connu et d’un Etat national qui était protecteur fait naître des inquiétudes. C’est normal !

Pour ce qui est des socialistes grecs ?

Je ne peux pas répondre à la place des socialistes grecs. Il faut partir de l’idée assez simple qu’aucun pays n’a la même histoire y compris récente. Il est des contextes où des accords peuvent permettre aux partis socio-démocrates de gouverner selon un contrat clair avec des objectifs significatifs de progrès. Accepter le statut de réformiste ne signifie ne pouvoir changer que marginalement l’ordre des choses et ne peser que ponctuellement sur les situations d’injustice. Il faut que cela soit clair pour les citoyens et les responsables politiques

Le phénomène du populisme et de sa résonance est une question d’éducation ou à travers le populisme la société menace le système politique lorsqu’il ne prend pas des décisions acceptables?

Face aux incertitudes de notre monde les populistes prétendent être les seuls vrais représentants du peuple. Ils s’en prennent à tous ceux qui sont en travers de leur chemin en les qualifiant « d’élite ». Le populisme peut être de gauche comme de droite même si celui-ci jouant sur la question des migrations a été plus entendu. La récession a fait le lit de ceux qui cherchent une solution simple à leurs réelles difficultés. Le populisme cherche à anéantir toute autre opposition, à réduire le pluralisme considérant que les autres ne sont pas légitimes.

Dans un monde qui bouge est ce que vous croyez que l’identité nationale aura un sens ?

Le Monde et l’Europe sont fondamentalement divers. Autrement dit la diversité n’enlève rien à l’identité et à la force de celle-ci mais l’ouvre et l’enrichit. Il faut aujourd’hui accepter que nos concitoyens se reconnaissent plusieurs identités et les expriment : être patriote et non nationaliste n’empêche de se sentir Européen-ne, et d’être un Citoyen-enne ayant des origines autres, européennes ou extra-européennes…

Serait-il nécessaire de refonder les systèmes idéologiques et politiques en lien avec les changements qu’introduit aujourd’hui la réalité? Quel que soit l’idéologie de chacun quelle différence peut introduire dans la réalité par la politique ?

Les mêmes thèmes agitent toute la Gauche en Europe. Les questions de but à atteindre, autrement dit de sens, du patriotisme opposé au nationalisme, et de résistance au « tout marché » se posent globalement à la Gauche européenne.

1 La critique du tout marché et le soutien à une économie de marché qui redistribue la propriété et les ressources de façon juste,

2 un progrès technologique qui soit utile au plus grand nombre,

3 Une culture qui rassemble et non qui divise,

4 Un Etat social qui protège et qui demande à tous de contribuer,

5 Un investissement dans les services d’intérêt général à conforter

6 Une défense de l’intérêt national à conjuguer avec la solidarité internationale. Tous ces thèmes sont sur « la table ».

Selon que vous êtes de Gauche ou de Droite nous n’apportez pas les mêmes…


Avec la délégation j’ai rencontré des députés membres de la commission des affaires européennes du Parlement Grec et la ministre déléguée aux affaires européennes, Mme Sia ANAGNOSTOPOULOU.

J’ai posé plusieurs questions concernant entre autres, le semestre européen.

La proposition faite par la France et l’Allemagne d’un nouvel instrument budgétaire fait débat. Il aurait pour finalité la compétitivité et la convergence. Bon nombre de pays ont refusé la fonction stabilisatrice de celui-ci et les Etats devraient co-financer les investissements considérés comme préparant l’avenir. Les contributions venant des Etats membres et devant entrer dans le cadre d‘un accord intergouvernemental, certains Etats ont d’emblée indiqué ne pas en vouloir et leur parlement pourrait bloquer le projet…Ces divergences montrent une fragilité qui rend plus aléatoire la croissance.

Ma question est simple : y a-t-il un plan B et ce plan B ne passe-t-il pas comme le suggèrent certains économistes pour une simplification des règles complexes et parfois opaques en matière de déficit. On pense notamment à un lien entre l’augmentation des déficits et dettes en lien avec l’évolution du PIB des Etat

l’amélioration de la qualité du service au public est fondamentale…

Est ce suivi par l’UE ? Quels en sont les indicateurs… Bcp de grecs évoquent plus de taxes mais peu d’amélioration de la qualité (éducation ou santé)

Qu’en pensez-vous ?

Par ailleurs il y a eu une perte démographique… Des jeunes sont partis à l’étranger… Quelle est l’analyse qui en est faite conjointement par l’UE et la Grèce ? 500 000 Grecs, sur une population de 11 millions d’habitants, ont quitté le pays pour échapper au chômage…


J’ai rencontré le Président de la République Hellénique M. Prokópis PAVLOPOULOS  et ai évoqué avec lui la nécessité d’une action forte de l’Europe en direction des jeunes notamment des plus diplômés qui après des études et des efforts de leurs familles ne trouvent pas d’emploi qualifié. Il a insisté sur l’importance de responsables politiques convaincus de l’Europe et de la préservation d’un Etat social fort.

 


J’ai rencontré aussi le Ministre des affaires étrangères, M. Giorgos KATROUGALOS, pour échanger et recueillir son analyse sur le Brexit et l’impact sur l’Europe et la Grèce, leurs attentes dans le cadre financier pluriannuel, la situation dans les Balkans et la politique de voisinage.


Parallèlement dans le cadre de la diffusion des idées et de la coopération culturelle entre nos deux pays, j’ai rencontré M. Yannis KIOURTSAKIS, écrivain grec, essayiste et grand prix de l’Académie Française et ai assisté avec lui à la conférence donnée par M. Patrick BOUCHERON, Historien, Professeur au Collège de France venu donner une conférence sur le thème « Entre l’Antiquité grecque et nous », remarquable de clarté et donnant à comprendre une interruption entre la Grèce Antique et l’Europe Occidentale et une continuité retrouvée par d’autres voies.