« Politique budgétaire en Europe : trop freiner la dépense publique ne risque t’il de compromettre la relance mondiale? Le ministre ne paraît pas savoir » par Marietta KARAMANLI

PhotoMKBureauAN.jpg

PhotoMKBureauAN.jpg

La commission des affaires européennes a auditionné le 16 novembre dernier le (désormais ex-) ministre des affaires européennes sur le bilan du dernier conseil des ministres européen. Je l’ai interrogé sur la contradiction existant entre le fait de vouloir comprimer maintenant la dépense publique au plan européen et d’encourager la reprise au plan mondial.
En effet le point 1 des conclusions de ce conseil indiquait qu’il faisait sien le rapport du groupe de travail sur la gouvernance économique, dont la mise en oeuvre nous permettra ( dit-il) d’accroître la discipline budgétaire, d’élargir la surveillance économique, de renforcer la coordination.
Le point 3 mentionnait que le Conseil européen examinera, lors de sa prochaine réunion, « comment faire en sorte que les dépenses au niveau européen contribuent à la diminution de la dette et du déficit publics en Europe ».
Enfin le point 4 évoquait à propos du prochain G 20 les risques économiques, la viabilité financière, le rétablissement incomplet du secteur financier, un taux de chômage élevé, la volatilité du prix des matières premières sur les marchés mondiaux et la résurgence de déséquilibres macroéconomiques mondiaux ».
De son côté le FMI dans son dernier rapport note qu’« étant donné la relative lenteur de la reprise économique, il ne serait pas pertinent d’appuyer sur les freins de manière trop vigoureuse, à moins que la pression des marchés ne soit forte.»
Le ministre alors même qu’il venait exposer les conclusions d’un conseil dédié aux affaires économiques et financières renvoie à la ministre de l’économie le soin de répondre et se contente de lister une série de problèmes posés par le crise financière sans expliquer en quoi l’Europe y répond, sans expliquer la position de la France sur cette contradiction de prôner la relance mondiale et la rigueur pour l’Europe et la France€¦
Peut-être n’était-il déjà plus ministre dans sa tête ?


Commission des affaires européennes, mercredi 10 novembre 2010, 16 h 30, Compte rendu n° 172,
Présidence de M. Pierre Lequiller Président

I. Audition, ouverte à la presse, de M. Pierre Lellouche, secrétaire d’Etat chargé des affaires européennes

Mme Marietta Karamanli.

Vous nous avez dit, Monsieur le Ministre, qu’en matière de gouvernance économique européenne des efforts vont être demandés à tous les gouvernements, mais quelles mesures concrètes ont été prises ?
Selon quel calendrier s’appliqueront-elles ?
Surtout, lesquelles visent précisément à encadrer les marchés financiers ?

Par ailleurs, s’agissant du G20, il est question de renforcer la discipline budgétaire et le contrôle des dépenses publiques. Or, le dernier rapport du FMI, faisant état de la lenteur de la reprise économique, souligne qu’il ne faut pas freiner trop vigoureusement les leviers de la croissance, au risque, sinon, de compromettre la reprise. L’approche retenue pour le G20 n’est-elle pas en contradiction avec cette analyse ?

Comment prétendre en même temps comprimer la dépense publique et susciter la reprise de la croissance économique européenne et mondiale ?

M. Pierre Lellouche

Madame Karamanli, les réponses aux questions que vous m’avez posées sont du ressort de Mme Lagarde.

Aujourd’hui, je n’ai traité que de la préservation de la zone euro. Je vous ai dit les enseignements tirés des six mois pendant lesquels notre monnaie a été menacée : pérenniser la zone euro et le mécanisme de gestion de crise, et renforcer la discipline commune.

Dans le même temps, des mesures de régulation et de surveillance ont été prises, concernant aussi bien les banques et les compagnies d’assurance, que les marchés et les hedge funds.

Par ailleurs, un projet de taxation des mouvements financiers a vu le jour. Certains de ces dispositifs sont déjà en vigueur, d’autres sont en cours de réalisation.