Marietta KARAMANLI au Parlement Grec , devant ses collègues de l’association interparlementaire mondiale hellénique « Des valeurs communes pour relever les enjeux stratégique, économique et culturel auxquels la Grèce est confrontée »

Le 15 juillet 2021 j’ai rencontré à Thessalonique Mme Mouchel, Consule de France en GRECE.

Nous avons pu évoquer à cette occasion la coopération culturelle entre les deux pays, les actions initiées dans le domaine de l’éducation et notamment les échanges entre établissements scolaires entre la région du Nord de la GRECE et celles proposées en SARTHE à mon initiative dans la perspective des JO de 2024.

Nous avons fait le point de la visite du groupe d’amitié parlementaire Franco-Hellénique de l’Assemblée Nationale, dont une délégation qui devrait se rendre en GRECE en septembre prochain.

Les 27, 28 et 29 juillet suivants, j’ai participé à ATHENES la réunion de l’association mondiale interparlementaire Hellénique dont les membres par leurs origines ou leurs efforts contribuent en relation avec le Parlement Grec à la compréhension des enjeux économiques, stratégiques ou culturels de la GRECE moderne.

Fortement dominée en nombre par les parlementaires américains, australiens, canadiens elle comporte des représentants des chambres de bon nombre de pays allant du KENYA à l’ALBANIE en passant par la SUEDE. J’y représente désormais l’Union Européenne.

Sa réunion a été l’occasion de plusieurs réunions au Parlement Grec, de rencontres avec Kyriakos Mitsotakis le Premier Ministre, le responsable du principal parti d’opposition A. TSIPRAS, des députés des différents groupes.

Une journée a été consacrée aux questions de sécurité et de la stratégie militaire dans la région. Au moment où la TURQUIE revendique un rôle nouveau en Méditerranée en concurrence avec la fédération de RUSSIE et où les défis sont nombreux (migrations depuis la SYRIE, l’IRAK , la LIBYE, partage des ressources naturelles et de l’énergie avec les gisements de pétrole et gaz, passage des infrastructures de livraison de l’énergie depuis l’Est vers l’Ouest, transition écologique face au réchauffement climatique, coopération économique…) la place et le rôle de la France et de l’Union européenne dans cette partie de l’Europe sont cruciaux. Les Etats-Unis qui s’apprêtent à renouveler un accord « technique » semblent en avoir pris la mesure.

Quelques photographies

Marietta KARAMANLI

 

Le texte de mon intervention au Parlement Grec lors de l’Assemblée Générale de l’association interparlementaire Hellénique mondiale.

Monsieur le Président de l’association Inter-parlementaire Hellénique Mondiale,

Monsieur le Président de la République Chypriote,

Mesdames et Messieurs les Membres des Représentants Parlementaires des Etats,

Cher-e-s Collègues, Cher-e-s Ami-e-s,

Tout d’abord je souhaite vous remercier de votre accueil et de votre bienveillance.

C’est un grand honneur pour moi d’intervenir lors de cette 13ème Assemblée générale.

Mon propos sera bref et évoquera le triple enjeu stratégique, économique et culturel de notre relation à la GRECE et à CHYPRE.

L’enjeu stratégique

Il y a juste un peu plus d’un an la France décidait de renforcer sa présence en Méditerranée orientale en participant à des exercices militaires conjoints avec la Grèce.

Cette décision du Président MACRON avait été saluée par les autorités et les forces politiques.

Cette décision était intervenue dans un contexte de fortes tensions en mer Égée pour la Grèce et en Méditerranée orientale pour la France.

En effet la Grèce connaît avec son voisin turc une nouvelle période de tensions prenant appui sur des problématiques anciennes.

Celui-ci utilise de vieux arguments comme la contestation de la souveraineté grecque, la militarisation de certaines îles, une délimitation unilatérale des eaux nationales.

Ces derniers jours la Présidence Turque a une nouvelle fois poussé l’option d’une solution à deux Etats sur le territoire chypriote occupé illégalement par ses alliés et ses nationaux.

Il convient de rappeler que la Turquie a ouvert de nombreux fronts pas seulement à l’égard de la Grèce.

L’enjeu n’est pas seulement celui des relations entre trois Etats régionaux CHYPRE, LA GRECE et LA TURQUIE c’est celui d’une région entière.

Cette dernière s’est aussi impliquée dans le conflit syrien à partir de l’été 2016, puis en Libye en soutien au Gouvernement d’union nationale.

Elle cherche à assoir ses ressources énergétiques et sa place comme Etat musulman en Méditerranée notamment face à d’autres États comme des monarchies du Golf ou l’Iran.

Enfin elle garde, via les voies de migration, à partir de son territoire et celui de la Libye un fort moyen de pression face à l’Europe qui craint un afflux de migrants qu’elle ne maîtriserait pas

Cette situation naît pour beaucoup d’observateurs d’un recul des puissances européennes historiquement impliquées dans toute cette partie de la Méditerranée.

La solution, il en fait, réside dans un mix de solutions nationales et bilatérales et aussi européennes.

Au premier cas le renforcement des partenariats bilatéraux apparaît nécessaire. Les exemples Américano Grec et Franco Grec sont non seulement utiles mais peuvent être exemplaires.

La politique étrangère de l’Union Européenne reste, il est vrai, le plus souvent, marquée par l’abstention de toute prise de position stratégique forte.

Des pistes nouvelles doivent être explorées et mises en œuvre.

L’Union européenne, les Etats-Unis et tous les Etats concernés par la paix en Méditerranée pourraient prendre l’initiative d’une grande conférence méditerranéenne, et mettre en avant le développement conjoint et la démocratie pour l’ensemble des États concernés.

Évidemment face à des stratégies d’extension et d’influences d’États comme la Turquie et la Russie, cette proposition peut apparaître dérisoire ou accessoire, elle permettrait néanmoins de mobiliser l’ensemble des États et de donner à voir des priorités communes à la lumière de l’engagement de tous.

J’en viens à l’enjeu économique.

L’ énergie,

le numérique,

les biotechnologies,

la construction écologique, de l’immeuble à la ville propre,

les solutions de mobilité durable, voiture ou train,

les industries de la sécurité

constituent autant de secteurs importants où nos Etats respectifs

– ont des solutions,

-nouent des partenariats actifs,

-peuvent financer de la recherche et des chercheurs,

-peuvent financer des innovations rencontrant un marché,

Nous devons considérer qu’agir ensemble ou du moins, de façon coordonnée ou innovante, (pourquoi par exemple ne pas développer des fondations à vocation régionale prenant appui sur de grandes entreprises ou des entreprises) c’est se placer dans « une logique gagnante pour tous » !

Une première étape pourrait être

– de recenser ce qui existe,

– de dessiner une cartographie de l’existant

et de faire de « l’horizon scanning » pour faire naître ces nouveaux partenariats.

Bref l’enjeu économique doit aussi être une priorité politique.

Je terminerai par l’enjeu de la formation et de la culture.

L’enjeu de la culture et de la formation

Dans toute conférence qui se respecte, la formation et la culture font l’objet de quelques mots

…mais souvent ces mêmes thèmes disparaissent aussi vite des esprits que les mots qui les désignent ont été prononcés.

Pourtant ils constituent à bien égards les fondements de notre attachement à ce qui nous lie ensemble, une sorte de ciment, si j’ose dire, « immatériel et intellectuel ».

La culture ce sont des valeurs…la démocratie et les libertés O combien menacées, l’égalité des individus, mais aussi nos arts de vivre et nos patrimoines.

La formation c’est l’avenir des employés, des jeunes, c’est la capacité à penser le monde qui nous entoure, à le respecter, c’est aussi la capacité à parler des langues comme le Grec qui « désigne » des concepts et des idées qui forment notre façon de voir le Monde en fonction de nos valeurs.

Si je suis devenue députée Française c’est aussi parce qu’à l’école j’ai pu découvrir et apprendre dans ma ville natale Volos le français…aujourd’hui je considère que nous pouvons donner par le Grec et la civilisation qu’il porte la possibilité de valeurs communes.

J’ai été trop longue.

Je vous remercie de votre attention. Longue vie à notre association et à vos engagements respectifs.

Aux côtés d’Eleni KOUNALAKIS Vice-gouverneure de CALIFORNIE et Ester PASSARIS, députée du KENYA