Marietta KARAMANLI « Lutter contre l’obésité en interdisant que les aliments vendus dans les régions Outre-mer contiennent plus de sucre que ceux vendus dans l’Hexagone »

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Le 6 octobre dernier, je suis intervenue dans la discussion publique de la proposition de loi que j’ai cosignée, tendant à prohiber la différence de taux de sucre entre la composition des produits manufacturés et vendus dans les régions d’outre-mer et celle des mêmes produits vendus dans l’hexagone.
Autrement dit il s’agit d’interdire que les aliments sucrés vendus dans les régions d’outre-mer contiennent davantage de sucre que ceux commercialisés dans l’Hexagone.
Trois raisons motivent et justifient cette proposition de loi.

D’une part l’obésité est la plus grande des maladies non transmissibles au monde. Il faut donc lutter contre ses causes et notamment la surconsommation d’aliments trop sucrés ou trop gras.

D’autre part, la pratique des industries alimentaires tendant à mettre plus de sucre dans les produits vendus dans les départements et territoires d’Outre-mer est en contradiction avec les engagements éthiques ou responsables dont elles se revendiquent.

Enfin les consommateurs sont soumis à de larges campagnes de publicité et n’ont pas le choix des aliments proposés.

Par ailleurs j’ai exprimé mon souhait que des mesures de transformation de nos comportements soient pris : éducation des jeunes à l’alimentation saine ; incitation ou obligation des industriels à respecter des normes de qualité et de quantité ; accès aux soins des personnes concernées ; amélioration de nos modes de vie.
J’entends sur ce sujet déposer une proposition de loi.


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Le texte intégral de mon intervention.

Assemblée nationale, XIIIe législature, Session ordinaire de 2011-2012
Compte rendu intégral, Deuxième séance du jeudi 6 octobre 2011

Interdiction de la différence de taux de sucre entre les régions d’outre-mer et la métropole

Mme Marietta Karamanli.

La proposition dont nous discutons a pour objet d’interdire que les aliments sucrés vendus dans les régions d’outre-mer contiennent davantage de sucre que ceux commercialisés dans l’Hexagone.

L’obésité la plus grande maladie non transmissible

Une législation contraignante doit impérativement être mise en Å“uvre.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’obésité figure parmi les plus graves problèmes de santé publique de notre siècle. Sa prévalence a triplé dans de nombreux pays de la région européenne de l’OMS depuis les années 1980 et le nombre de personnes touchées continue d’augmenter à un rythme préoccupant, en particulier parmi les enfants. J’ai noté qu’il y avait de nombreux enfants présents aujourd’hui dans les tribunes.

De façon générale, les travaux scientifiques et politiques ont mis en avant la nécessité d’améliorer l’information et l’éducation nutritionnelles et l’utilité de miser sur la conscience des consommateurs pour faire des choix citoyens.

Force est de constater que les mesures évoquées ou recommandées sont restées limitées alors même que l’obésité constitue la plus grande maladie non transmissible au monde et qu’il y a urgence pour les pouvoirs politiques et les citoyens à réagir, notamment quand il s’agit de mettre fin à une épidémie.

Des pratiques contraires à la responsabilité revendiquée par les industriels de l’alimentation

On observe queles pratiques commerciales sont contraires à la responsabilité revendiquée par l’industrie.

Des études universitaires mettent en évidence l’absence d’actions concrètes de la part des vingt-cinq plus grandes entreprises du secteur de l’alimentation, y compris françaises, en vue de respecter des recommandations de l’OMS et visant notamment à limiter le recours dans leurs produits au sel, au sucre, aux matières grasses ; à agir sur la taille des portions individuelles ; à promouvoir les conseils aux personnes et à promouvoir les activités physiques.

Cette situation est anormale dans la mesure où les consommateurs sont soumis à de larges campagnes de publicité et n’ont pas le choix des aliments proposés.

S’agissant du sucre dans les produits alimentaires manufacturés vendus dans les régions d’outre-mer, nous sommes précisément dans cette situation. Ces pratiques commerciales et de marketing €“ ciblant des produits, des populations-cible, pour accoutumer à un goût, habituer à un produit et en rendre la population dépendante €“ sont indignes de la responsabilité que ces groupes revendiquent.

J’en viens maintenant à la nécessité de mettre en Å“uvre des mesures de transformations profondes de notre législation et de nos politiques publiques.

Pour une politique globale de lutte contre le surpoids

En effet, une politique de lutte globale contre le surpoids et l’obésité et d’accompagnement des personnes qui en souffrent devrait être définie.

Face au risque que courent les enfants d’être atteints de surpoids et d’obésité en Europe, il faut interdire la publicité concernant leur alimentation, en particulier à la télévision, et non pas la tolérer accompagnée de messages incompréhensibles pour eux.

Il faut prévenir dès l’école, dépister efficacement, donner et diversifier des conseils nutritionnels adaptés, non culpabilisants. Toute notre intelligence collective doit être mobilisée, notamment en direction des plus jeunes.

Je l’ai dit, il faut inviter, inciter et contraindre les industriels et les distributeurs de l’agroalimentaire à revoir tant la composition de certains de leurs produits €“ normes de qualité et de santé €“ que leurs actions d’incitation et de promotion de la consommation des produits jugés peu ou pas sains.

Il faut prendre des mesures pour garantir aux personnes présentant un risque d’obésité ou de complications diverses liées à cette pathologie un réel accès à des conseils médicaux et à des soins adaptés.

Il nous faut enfin encourager une réflexion d’ensemble pour que notre vie collective quotidienne incite à la pratique d’activités physiques « souples » et moins stressantes. Les transports, l’aménagement des voies urbaines, l’organisation des temps de travail doivent donner la possibilité aux citoyens et aux travailleurs de profiter de leurs déplacements, de leurs pauses et des moments de repos pour se détendre confortablement et se dépenser avec sécurité et confort.

C’est tout à l’honneur de cette proposition de loi de montrer comment le Parlement peut prendre en considération un ensemble d’éléments qui construisent notre vie quotidienne pour élaborer une législation plus contraignante.

(Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)