« En Europe mieux accompagner l’intégration des personnes réfugiées et migrantes notamment par la maitrise de la  langue, la formation et la reconnaissance des qualifications professionnelles, mettre en œuvre des politiques publiques qui rassurent, luttent contre les inégalités et donnent de la prospérité à tous » par Marietta KARAMANLI

Devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, où je représente l’Assemblée Nationale, je suis intervenue le 21 juin 2023 à propos d’un rapport sur l’intégration des personnes migrantes et réfugiées en Europe au nom du groupe des socialistes, démocrates et verts.

En intervention devant des parlementaires de l’APCE

Le rapporteur a fait cinq propositions s’appuyant sur des études et partant d’exemples concrets mis en œuvre par des collectivités de proximité.

  • un contrat local permettant à la fois d’individualiser la relation entre l’Etat d’accueil et la personne accueillie dans un cadre clair et transparent ;
  • des mesures de soutien financier dédiées ;
  • la valorisation des qualifications ;
  • un service à l‘interprétation de la langue ;
  • une communication fondée sur des faits plus que sur des croyances.

Il met en évidence sur le caractère progressif de l’intégration par la maîtrise de la langue, la formation, et la contribution économique par la progression dans le travail et la qualification.

En 2014 un précédent rapport que j’avais eu l’honneur de présenter devant cette même Assemblée énonçait déjà des constats analogues.

J’ai rappelé qu’il est une part stable de la population des différents Etats qui s’inquiète de l’immigration vers les pays européens. Cette inquiétude ne peut malheureusement être combattue par des arguments scientifiques, par des faits établis par les sciences économiques et sociales…

Elle n’est pas de cet ordre mais se situe sur le terrain de la peur du changement, de l’angoisse de ne pas y arriver dans un monde où les inégalités se sont creusées au sein même des pays développés.

Selon de nombreux collègues ici et dans nos parlements nationaux il nous faut renouer avec des politiques globales qui

             assurent une meilleure redistribution de la richesse en direction des populations ayant de faibles ressources (économiques, culturelles et politiques)

             et «embarquent» avec elles l’ensemble des populations immigrées, récentes ou moins récentes, et dont les effets positifs pour tous seront à même de jouer favorablement pour ceux ayant le plus de difficultés sans effet stigmatisant pour elles et sans sentiment d’exclusion à rebours pour les autres.

Il faut des politiques d’intégration actives et des politiques publiques qui luttent contre les inégalités et protègent tous nos concitoyens prévenant les risques de délaissement et le sentiment de déclassement.

Marietta KARAMANLI

Mon intervention sur le site de l’APCE

Le texte ayant servi de base à mon intervention devant l’Assemblée au nom du groupe des socialistes, démocrates et verts.

Monsieur Madame le la Président-e,

M le Rapporteur

Cher-e-s Collègue-s,

Le rapport et le projet de résolution dont nous discutons ce jour et qui portent sur l’intégration des migrants et réfugiés sont importants.

Ils sont  importants car les migrations sont à la fois

             l’illustration d’un monde en mouvement ;

et

             la conséquence de changements politiques économiques, sociaux, militaires, environnementaux profonds.

En 2020, l’Europe a accueilli environ 87 millions de migrants internationaux.

En 2014 un précédent rapport que j’avais eu l’honneur de présenter devant notre Assemblée énonçait déjà

             que le niveau global d’intégration demeurait insatisfaisant

et

             que la situation des immigrés réguliers, et, plus inquiétant encore, de leurs descendants, soulevaient des préoccupations justifiées dans de nombreux Etats membres du Conseil de l’Europe.

Je souhaite remercier le rapporteur M. Domagoj HAJDUKOVIĆ, de son travail.

D’une part, le rapport rappelle le cadre juridique dans lequel les migrations y compris celles concernant les réfugiés se font et les droits qui s’attachent aux personnes.

Il met aussi en évidence les avantages d’une immigration accompagnée et suivie d’une réelle intégration.

Mieux, il les quantifie au plan économique montrant la dynamique vertueuse qu’elle peut générer.

Trop souvent ce sont les dépenses initiales d’accueil et de prise en charge des personnes et de leurs familles qui sont quantifiées.

Il cite des études de l’UE selon lesquelles une dépense d’un euro pour l’intégration des réfugiés peut générer deux euros de bénéfices dans les 5 ans.

Le rapport montre les bénéfices sociaux qui s’attachent à cette réussite en termes de scolarisation, d’innovation.

Il met aussi l’accent sur le caractère progressif de l’intégration par la maîtrise de la langue, la formation, et la contribution économique par la progression dans le travail et la qualification.

Fort de ces constats, le rapporteur propose une série de mesures déjà expérimentées avec succès dans plusieurs Etats et notamment au niveau des collectivités locales et des entités fédérées des Etats.

Il propose :

             un contrat local permettant à la fois d’individualiser la relation entre l’Etat d’accueil et la personne accueillie dans un cadre clair et transparent ;

             des mesures de soutien financier dédiées ;

             la valorisation des qualifications ;

             un service à l‘interprétation de la langue ;

             une communication fondée sur des faits plus que sur des croyances.

Je ne peux donc à titre personnel et au nom du groupe des socialistes, démocrates et verts que féliciter le rapporteur et soutenir le rapport pour leur réalisme, leur pragmatisme et le sens de la justice et de l’efficacité qu’ils portent.

Je voudrais à ce point du débat revenir sur le contexte dans lequel ce sujet est discuté.

Il est une part stable de la population des différents Etats qui s’inquiète de l’immigration vers les pays européens.

En France cette part a augmenté, même si on peut considérer qu’un quart ou un tiers est franchement opposée aux migrants et réfugiés, l’inquiétude « diffuse » dépassant largement cette première strate.

Cette inquiétude ne peut malheureusement être combattue par des arguments scientifiques, par des faits établis par les sciences économiques et sociales…

Elle n’est pas de cet ordre mais se situe sur le terrain de la peur du changement, de l’angoisse de ne pas y arriver dans un monde où les inégalités se sont creusées au sein même des pays développés.

Selon de nombreux collègues ici et dans nos parlements nationaux il nous faut renouer avec des politiques globales qui

             assurent une meilleure redistribution de la richesse en direction des populations ayant de faibles ressources (économiques, culturelles et politiques)

             et «embarquent» avec elles l’ensemble des populations immigrées, récentes ou moins récentes, et dont les effets positifs pour tous seront à même de jouer favorablement pour ceux ayant le plus de difficultés sans effet stigmatisant pour elles et sans sentiment d’exclusion à rebours pour les autres.

Cela renvoie à l’idée que les politiques d’intégration se jouent

au niveau de chaque Etat ;

et

doivent articuler des politiques publiques transversales : travail ; logement ; éducation ; mais aussi culture.

Enfin à titre personnel, je formulerai une suggestion, celle que les bonnes pratiques, les réussites, comme celles dont le rapport se nourrit au travers de trois Etats puissent servir à un site et une plateforme des bonnes pratiques dont l’ensemble des acteurs pourraient se servir mais qu’ils pourraient aussi alimenter.

Notre groupe soutiendra donc le vote du rapport et de la résolution.

Merci de votre attention.

Marietta KARAMANLI