« Des réunions citoyennes régulières dans les communes et les quartiers pour un tour d’horizon partagé : faire prévaloir le dialogue, améliorer les projets et évaluer les politiques mises en œuvre : première réunion à BOULOIRE le 24 février dernier» par Marietta KARAMANLI

Lundi 24 février 2016, j’ai rencontré une soixantaine d’habitants de Bouloire et de ses environs à l’occasion d’une rencontre citoyenne visant à rendre compte de mon activité d’élue nationale. A cette occasion j’ai pu exposer ma méthode vis-à-vis des projets et propositions de loi discutés, du contrôle parlementaire exercé et des initiatives prises pour défendre et promouvoir nos territoires.
Si je suis loyale à l’égard des projets gouvernementaux (la majorité dans les démocraties parlementaires a à soutenir l’exécutif, sachant que dans notre pays la légitimité politique est d’abord celle du Chef de l’Etat qu’il tient de l’élection présidentielle, et la défection de la majorité crée d’emblée une crise gouvernementale et conduit sans délai à des élections législatives) je considère de mon devoir d’exercer un droit de vigilance sur l’action de l’exécutif, d’amélioration des textes et de propositions nouvelles.
Ma méthode est d’abord fondée sur le dialogue ; j’essaie en conséquence de rapprocher les points de vue pour trouver des compromis et des solutions opérationnelles. Celles-ci peuvent constituer à le point d’appui de nouvelles avancées ou une étape à évaluer après.
Le tour d’horizon que nous avons partagé a permis d’aborder plusieurs sujets.


Les participants à cette rencontre

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Sur la crise agricole

A l’évidence c’est une crise des prix. Il faut donc soutenir les prix et la consommation. Cela passe par une meilleure information des consommateurs. Les consommateurs doivent être informés de la valeur réelle qu’ils paient et du travail des exploitants. Cela ne peut être fait qu’au niveau européen. La France a transmis à l’UE des propositions en ce sens. Il est également indispensable que la grande distribution, la transformation, et toute la restauration commerciale hors domicile utilisent au maximum et mettent en valeur au mieux l’origine française des produits qu’ils vendent ou servent. Par ailleurs il faut continuer à être vigilant sur la question des charges sociales. Les allègements auront plus que doublé d’ici à 2017, par rapport à 2012. Le gouvernement a décidé une nouvelle baisse de 7 %. Il faut traiter aussi le problème des charges environnementales. Il ne faut pas (se) mentir il y a aura des normes…mais il faut donner priorité à l’accompagnement et pas à la sanction. Il faudrait aussi mieux destiner des crédits communautaires à cet accompagnement. Il faut aussi accompagner les politiques de filières. Il y a eu une insuffisance d’investissements dans certaines filières pas forcément au niveau des exploitations. C’est le cas pour le porc. A titre personnel je pense que la loi de modernisation de l’économie de 2008 aurait dû être modifiée plus profondément. Ce sont les centrales d’achat qui fixent les prix de leurs fournisseurs et certains producteurs agricoles peuvent être conduits à vendre aux distributeurs en dessous de leurs coûts de production, ce qui met en cause la survie même de leur exploitation. La loi a tendu à faire prévaloir les conditions particulières sans garantie d’un cadre général ni transparence.
Les agriculteurs que j’ai rencontrés sur leurs exploitations m’ont fait dit qu’en matière de production porcine il n’y avait aucun dispositif d’amortissement à la baisse des prix du marché : la filière (la distribution) ne proposait pas de stockage permettant d’atténuer les a-coups trop brutaux et de lisser les variations de prix. Je soutiens les contrats de filières qui doivent être plus nombreux et plus sécurisés.

Sur la crise migratoire

Je constate que l’Union Européenne n’a pas vu venir la crise alors même que les parlementaires Français avaient tiré l’alarme. J’ai moi-même écrit plusieurs rapports demandant que l’Union prenne des mesures alors même qu’elle pensait ne rien faire, voir diminuer les moyens.
Je soutiens que les petits pays notamment d’Europe centrale membres de l’UE (Pologne, Hongrie, etc…) qui ne veulent pas prendre leur part à l’accueil des réfugiés ne peuvent demander à bénéficier d’aides de l’Union…la solidarité ça ne peut être « je reçois et je ne contribue pas » ou « je choisis à la carte ». Ce discours très ferme doit être tenu.
Par ailleurs il faut mettre en œuvre des moyens nouveaux aux frontières de l’UE mais pas refermer nos propres frontières internes. J’ai fait des propositions dans ce sens : gestion communes des frontières ; institution du « passager name record » (PNR), ou système d’information sur les données des passagers des vols aériens ; nécessité d’une meilleure coordination de la lutte contre les trafics criminels. J’ai appelé à renforcer les moyens dédiés aux opérations de contrôle de l’immigration irrégulière au moment où la commission entendait les diminuer. J’ai proposé la création d’un corps de garde-frontières. J’ai demandé la création de « hot spot » où points de régulation et d’enregistrement des migrants hors UE notamment en Turquie.

Sur l’évolution du droit du travail et sur l’emploi

La discussion parlementaire a pour objet d’améliorer le projet de loi annoncé mais pas encore adopté par le conseil des ministres…en tout état de cause, les propositions doivent être revues en concertation avec les organisations syndicales représentatives en conciliant l’impératif de visibilité et de clarté pour tous et de droits consolidés pour mieux s’adapter. Je me félicite du temps pris pour le faire.
Sur le fond je pense que le texte n’est pas mis en perspective avec deux sujets qui lui donneraient plus de sens et d’équilibre :
le compte personnel activité (ce compte regroupera différents droits (formation, pénibilité, chômage, épargne temps) que les salariés pourront conserver tout au long de leur carrière. L’idée est de leur permettre de garder certains droits même s’ils changent d’emploi ou de région.) ; cette création est inscrite dans la loi relative au dialogue social et à l’emploi du 17 août 2015 sera effective au 1er janvier 2017
et
la formation (trop de peu de chômeurs bénéficient encore d’une formation. Les jeunes (24,4%, soit 7,7 milliards d’euros) et les demandeurs d’emploi (14%, soit 4,3 milliards d’euros) sont ceux qui «profitent» le moins de la formation professionnelle en France. Son montant est évalué à 32 Milliards €. L’explication est que les entreprises concourant à plus de 40% des dépenses nationales dans ce domaine, les personnes privées d’activité professionnelle sont donc évincées de la voie privilégiée pour se former. Pourtant, ce sont bien eux qui en ont le plus besoin. Les chiffres de « Pôle emploi » sont très clairs sur ce point. Plus d’un chômeur sur deux qui a reçu une formation retrouve un emploi dans les six mois qui suivent. C’est beaucoup mieux que pour les demandeurs d’emploi qui n’ont pas eu de formation. Et surtout, il s’agit dans la grande majorité des cas d’un CDI ou d’un CDD de plus de six mois. Ces deux sujets apportent de la sécurité, contreparties nécessaire à la flexibilité portée par le projet.

D’autres sujets ont été abordés et des suggestions faites qui viendront alimenter et enrichir mes initiatives.
Je suis présente maintenant et je continue mon travail de lien entre mesures générales et préoccupations de proximité.

Marietta KARAMANLI