Pouvoir d’achat : donner aux salariés, aux fonctionnaires et aux retraités ce à quoi ils dont droit ;

J’ai interrogé à l’Assemblée Nationale, mardi 18 décembre, le Premier Ministre sur la perte de pouvoir d’achat des salariés, des fonctionnaires et des retraités les plus modestes. Les réponses apportées par le gouvernement consistent à privilégier les plus riches et à faire croire aux plus modestes qu’ils doivent faire plus pour avoir plus. Le candidat Sarkozy demandait que l’on soit jugé sur ses résultats€¦les salariés, les fonctionnaires et les retraités ont droit aussi à des résultats en matière de pouvoir d’achat.

Pouvoir d’achat

M. le président. La parole est à Mme Marietta Karamanli, pour le groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.

Mme Marietta Karamanli. Monsieur le Premier ministre, l’énergie, les loyers, l’alimentation et, compte tenu des nouvelles franchises que vous avez instaurées et qui prendront effet en janvier, la santé, sont autant de postes budgétaires qui ne cessent d’augmenter : aussi ces dépenses pèsent-elles davantage sur le revenu des salariés modestes, des petits fonctionnaires et des retraités. Alors qu’elles représentaient en 2004 moins de 30 % du budget des familles, elles pèseraient aujourd’hui plus de 35 %.

Or vos aimables propositions visant à améliorer le pouvoir d’achat des Français tiennent en réalité de la fable ! (Exclamations sur les bancs du groupe de l’Union pour un mouvement populaire.) En effet, vous ne donnez rien aux retraités, dont vous ne prévoyez d’augmenter les retraites en 2008 que de 1,1 % alors qu’on attend une inflation supérieure à 2 %, ni aux fonctionnaires, auxquels vous vous contentez de proposer, lorsqu’ils peuvent y prétendre, que l’État leur rachète quatre jours de RTT qu’il leur doit déjà ! Quant aux salariés, vous vous en remettez au bon vouloir des entreprises en ce qui concerne le rachat des RTT ou le versement d’une prime.

Mais surtout, vous oubliez de rappeler que le salarié français travaille plus que le salarié allemand si l’on prend en compte non pas l’horaire légal mais les heures travaillées effectives : 1 555 heures par an contre 1 443 !
M. Gérard Bapt. Eh oui !

Mme Marietta Karamanli. Vous oubliez également de rappeler que la productivité des salariés français est une des meilleures au monde, derrière les États-Unis et la Norvège. Vous racontez une fable aux Français en leur faisant croire que c’est la valeur travail qui prime à vos yeux et qu’ils seront récompensés de leurs efforts, alors que les vrais bénéficiaires des mesures fiscales adoptées sont la rente et le capital. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche.)

M. Gérard Bapt. C’est vrai !

Mme Marietta Karamanli. Autrement dit, monsieur le Premier ministre, vous mettez en scène l’histoire que raconte l’économiste américain Paul Krugam : « Lorsque Bill Gates entre dans un bar où se trouvent quarante ouvriers, chaque client du bar devient en moyenne milliardaire [€¦] sans avoir touché un sou ! »

Ma question est donc la suivante : Nicolas Sarkozy, candidat à l’élection présidentielle, affirmait dans un discours prononcé à Montpellier le 3 mai dernier qu’il ne se contenterait pas d’être le président du pouvoir d’achat : il privilégierait la culture du résultat.

Monsieur le Premier ministre, je vous demande de mettre en Å“uvre cette culture du résultat, mais au profit des plus modestes, car ils n’ont pas seulement droit à de jolies fables sur le pouvoir d’achat, ils ont également droit, eux aussi, à des résultats ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste, radical, citoyen et divers gauche et sur quelques bancs du groupe de la Gauche démocrate et républicaine.)