« Régions périphériques et maritimes de l’Europe réunies à Nantes : une organisation au service de leurs habitants et de projets d’avenir » par Marietta KARAMANLI

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Je suis intervenue vendredi 27 février devant le bureau politique des Régions Périphériques Maritimes d’Europe (CRPM) qui se tenait à Nantes dans notre région des Pays de la Loire, et ce, à l’invitation de Jacques Auxiette, Président du conseil régional et de Christophe Clergeau, Premier Vice-président.
Cette institution rassemble 150 régions de l’Union européenne et 200 millions d’habitants de celle-ci.
Cette organisation est forte et originale. Elle donne le point de vue et soutient les projets des régions périphériques et maritimes, souvent vues comme éloignées des grands centres de décisions, mais qui réussissent, grâce à leur volonté partagée, à ce que les besoins de leurs territoires et de leurs habitants soient pris en compte. La cohésion territoriale est devenue un objectif en tant que tel de l’Europe. Le traité de Lisbonne le dit.
Leur potentiel est important : comme « réservoir » des énergies renouvelables qu’elles recèlent (comment ne pas évoquer les énergies marines renouvelables (EMR), au regard des ressources alimentaires qu’elles génèrent et protègent, en termes de capacités qu’elles proposent en matière de déplacements et transports pour le tourisme, la découverte, la protection de la biodiversité, le déplacement des marchandises, la protection même de la mer déclinée en termes de sécurité et de protection contre les pollutions, dans les réseaux et le rapprochement de la recherche, des industriels, et entreprises de toutes natures, des collectivités territoriales ; en matière d’innovation technologique qu’elles portent.
Elles créent donc des opportunités portées par l’idée d’un développement économique équitable, stable, durable. Pour moi les institutions et politiques européennes doivent les accompagner.
J’ai suggéré que les projets et filières puissent être accompagnés par un fonds qui stimulerait l’investissement privé en participant à la prise de risque, en investissant sur les marchés et en aidant à couvrir les risques. J’ai plaidé aussi pour que l’investissement public soit augmenté (par exemple avec du capital public direct, des fonds structurels inutilisés de la période passée et du capital engagé sous forme de recettes fiscales affectées, à rembourser sur une période donnée).
Cette réunion m’a permis de constater la grande capacité des régions concernées, à orienter la politique européenne en couvrant les grands chantiers et en traitant des grandes questions auxquelles elles sont confrontées.


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Mon intervention devant le bureau des Régions Périphériques Maritimes d’Europe (CRPM).réuni à Nantes – Région des Pays de la Loire, vendredi 27 février 2015

Mesdames, Messieurs, les Représentantes et Représentants des Régions Périphériques Maritimes d’Europe (CRPM).

Tout d’abord je considère comme un honneur et un plaisir de vous accueillir aujourd’hui dans la Région des Pays de la Loire et à Nantes, deux collectivités dynamiques et travaillant de concert.
Moi-même originaire d’une des 150 régions concernées, même si la mer concernée n’est pas l’Atlantique mais la mer Egée, je vois la force et l’originalité de la démarche qui vous anime depuis plus de quarante ans.
Ce que nous disons de nos pays est vrai de l’Europe.
Ils sont, elle est à la fois un projet politique, une réalité économique et sociale et une construction historique et culturelle.

Mon propos sera bref.
Je l’articulerai autour de trois idées.
Votre démarche est forte et originale comme je l’ai dit.
Elle crée des opportunités autour et avec des innovations porté par l’idée d’un développement économique équitable, stable, durable.
Enfin les institutions et politiques européennes doivent les accompagner.

I Votre démarche est forte et originale

Réunir 150 régions, qui pourraient être vues comme éloignées les unes des autres,
Rassembler 200 millions d’habitants, différents par leur situation,
Porter un message cohérent au niveau de l’Union,
Proposer et faire émerger un développement fondé sur des particularités communes et un avenir partagé,
Autant dire réussir une gageure
Tel est votre projet,
Il est fort car il fait de ce qui pourrait être vu comme des contraintes des opportunités.
Il est original car il prépare l’avenir en décentrant la vision d’une Europe qui ne serait que celle des grands centres, au milieu de territoires contigus par la terre, et en offrant une vision par le large, si j’ose dire, et par la continuité de ces limites avec la mer.

2 Les opportunités

J’en vois deux types.
Votre regroupement crée l’Europe par l’inclusion des territoires réels
L’existence de réseaux et coopérations fortes initiées par les régions, elles-mêmes, est un facteur d’orientation des territoires. C’est ce que vous faites au quotidien.
Les régions périphériques et maritimes, souvent vues comme éloignées des grands centres de décisions, réussissent, grâce à leur volonté partagée, à ce que les besoins de leurs territoires et de leurs habitants soient pris en compte.
La cohésion territoriale est devenue un objectif en tant que tel de l’Europe. Le traité de Lisbonne le dit.
C’est une avancée et un droit en quelque sorte « opposable » à une vision économique étriquée qui ne considérerait l’Europe comme un assemblage de territoires contigus unis pas une absence de barrières réglementaires et douanières.
Le deuxième type d’opportunités que je vois est l’existence d’un potentiel de développement économique, équitable, stable et durable.
Les régions périphériques et maritimes portent de nombreux projets.
Nos territoires sont aujourd’hui particulièrement attractifs.
Ils connaissent globalement un développement démographique.
La mer est une richesse et un facteur de développement reconnus par la stratégie « Croissance bleue », intégrée à la stratégie Europe 2020.
Leur potentiel est à la fois :

 dans le réservoir des énergies renouvelables qu’elles recèlent, (il n’est pas possible de faire sans elles pour atteindre les objectifs du paquet Climat-Energie, que ce soit en termes de diminution de 20% des émissions de gaz à effet de serre et d’atteinte de 20% d’énergies renouvelables dans le mix énergétique€¦et comment ne pas évoquer les énergies marines renouvelables (EMR) qui constituent d’ores et déjà une des réponses les plus pertinentes aux défis du développement durable.

 dans les ressources alimentaires qu’elles génèrent et protègent,

 dans les capacités qu’elles proposent en matière de déplacements et transports que ce soit pour le tourisme, la découverte, la protection de la biodiversité, le déplacement des marchandises avec des bateaux plus verts et plus efficaces, ou encore la protection même de la mer déclinée en termes de sécurité et de protection contre les pollutions,

 dans les réseaux et le rapprochement de la recherche, des industriels, et entreprises de toutes natures, des collectivités territoriales ; à ce titre la Région des Pays de la Loire peut se targuer d’avoir fait émerger une nouvelle filière des énergies marines renouvelables en cinq ans

 dans l’innovation technologique qu’elles portent,
Les besoins constatés sont aussi des opportunités de création d’emplois : dans le domaine des énergies maritimes renouvelables pour la France ce sont plusieurs dizaines de milliers d’emplois qui pourraient être crées à échéance de 2030 et en Europe plusieurs centaines de milliers à la même échéance.
Ces opportunités ne sont pas que celles de nos régions, elles sont celles de l’Europe entière.
A ce titre se pose la question de ce que peuvent et doivent faire les institutions européennes pour accompagner ces projets, les rendre concrets, les porter et en faire aussi la marque d’une Europe tournée vers le reste du Monde.
J’en arrive à mon troisième et dernier point.

3 Les politiques européennes

Je vois trois modalités à l’accompagnement.

L’aide aux régions et à leur modernisation

Il convient de rappeler ici que l’Europe a su mettre en place des outils et des fonds adaptés au soutien des régions et à la mobilité des personnes et des productions.
Le rappeler est nécessaire même s’il ne suffit plus de le faire face aux nouveaux défis auxquels l’Europe se trouve confrontée.
Il faut continuer : les fonds européen doivent servir encore et mieux le développement, la rénovation des équipements existants et de l’extension des infrastructures.

L’accompagnement aux projets et filières

Il conviendrait que les projets et filières portés par un réseau comme le vôtre puissent être accompagnés par un fonds qui stimulerait l’investissement privé en participant à la prise de risque, en investissant sur les marchés et en aidant à couvrir les risques.
Il faudrait aussi booster l’investissement public, lui-même, par exemple par un fonds financé sous forme de subventions des États membres selon une clé de répartition du capital avec un capital direct, des fonds structurels inutilisés de la période passée et du capital engagé sous forme de recettes fiscales affectées, à rembourser sur une période donnée.
Dernier vecteur de l’accompagnement€¦un élément macro-économique ».

Le retour à une politique d’investissement et d’industrialisation

Nous sommes à un moment où l’investissement productif est tombé en Europe.
De 2007 à 2013 la diminution moyenne de celui-ci a été de 17 %, l’investissement public ayant, lui, baissé de 4 % il y a 30 ans à 2 %.
La France, le gouvernement Français plaident pour un vrai plan d’investissements mais les réponses des institutions européennes restent encore en-deça de qu’il conviendrait.
Rien n’est plus facile que de faire semblant d’agir.
Comme l’a dit le Président Hollande « il faut encore amplifier les ressources ».
Il faut aller plus loin, plus fort en faveur de la croissance et de l’emploi au niveau européen au travers notamment d’investissements significatifs notamment dans le domaine de la transition énergétique et des emplois industriels adaptés à celle-ci, domaines pour lesquels votre expertise, vos expériences et vos propositions tracent déjà des perspectives.
Elles s’inscrivent dans la perspective d’une relance par l’investissement au niveau et par l’Europe.
J’ai été longue€¦je le sais€¦
A ce point je ne peux faire qu’une chose€¦vous souhaiter une excellente réunion de travail, une très bonne rencontre humaine, et une volonté de coopérer, de croître et de renouveler l’Europe toujours plus forte…mais peut-être n’est-ce pas un souhait mais plutôt le constat de ce que vous êtes et faites !
Je vous remercie de votre attention.
Marietta KARAMANLI