« Assemblée Parlementaire Franco-Allemande, une session sous le signe de la lutte contre la pandémie et le risque sanitaire, mes questions aux ministres, mes propositions complémentaires en matière de recherche, de priorités aux libertés publiques, de création d’une réserve sanitaire commune » par Marietta KARAMANLI

Les 21 et 22 septembre 2020 l’Assemblée Parlementaire Franco-Allemande dont je suis membre comme députée a tenu une nouvelle session (en visio des deux côtés du Rhin)

Je suis intervenue à deux reprises.

La première fois j’ai interrogé les ministres Allemand et Français de la santé sur l’amélioration possible de la concertation et de la coopération des deux pays en matière lutte contre les pandémies à partir de ce qui nous avons connu en matière de lutte contre la COVID. J’ai insisté sur la nécessité de crédits fléchés pour assurer la réalité et la visibilité des moyens à mettre en œuvre entre eux et au niveau européen.

La seconde fois, je suis intervenue pour soutenir la résolution préparé par les deux assemblées en insistant néanmoins sur l’importance de faire travailler les chercheurs des deux pays, sur la nécessité d’affirmer que nos libertés et droits ne peuvent être abandonnés au seul motif de la lutte contre la pandémie, sur l’opportunité que constituerait la création d’une réserve sanitaire franco-allemande composée de personnel médical et soignant formés aux urgences et gestes adaptés en provenance des deux pays.

J’ai fait des propositions en la matière. Il apparaît important de rendre opérationnelles celles-ci.

Marietta KARAMANLI

 

Les textes ayant servi de base à mes interventions orales ; les comptes -rendus des séances ne sont pas encore disponibles sur le site de l’Assemblée Nationale.

Santé

Messieurs les ministres de la Santé

Madame, Monsieur,

1 Ma première question porte sur la nature et la qualité de la réponse franco-allemande et par extension européenne à la pandémie.

Députée, je suis la co-auteure avec Jean Pierre Pont, député, d’une très récente communication sur « la réponse sanitaire européenne est-elle à la hauteur des enjeux de la crise de la COVID ? », présentée en commission des affaires européennes de l’Assemblée Nationale le 15 juillet dernier.

L’ensemble de nos interlocuteurs auditionnés ont considéré que ce sont les réactions nationales des différents états européens qui ont été au premier plan, au moins au début, l’UE étant absente.

Que ce soit pour les décisions concernant le trafic aérien, les frontières, les équipements (interdiction d’exportation des équipements y compris au sein de l’UE), les stratégies d’investigations épidémiologiques, les études de recherche à lancer (sur le plan de la connaissance de la maladie ou de son traitement), la coordination européenne apparaît avoir été faible.

Comment nos deux gouvernements entendent-ils de concert remédier et proposer une meilleure coordination entre eux et la proposer à l’ensemble de leurs partenaires européens ?

2 Ma deuxième question porte sur les nécessaires moyens qui doivent être convergents.

Un budget dédié aux questions de santé communes entre nos deux États ou du moins un fléchage de crédits permettant d’assurer la visibilité de leur action commune et de leur évaluation serait une bonne chose.

La discussion européenne sur la relance ne peut faire l’impasse d’une intervention commune et de moyens dédiés tant à la prévention qu’aux soins en temps de crise.

Qu’en pensez-vous ?

Quelles sont les pistes que vous envisagez pour concrétiser un engagement certes national mais convergent entre les deux États ?

Intervention sur le projet de résolution de l’APFA

Le projet de résolution de notre assemblée commune est à la fois une recommandation « multiple » mais aussi un guide si j’ose dire, opérationnel de ce qui pourrait et devrait être fait pour améliorer la pertinence d’une réponse partagée face à la pandémie.

Elle rappelle le rôle moteur que notre coopération peut jouer pour l’ensemble de l’espace européen et le projet commun qui nous anime.

Le projet évoque de nombreuses pistes sur lesquelles je ne reviendrai pas.

Je me concentrerai sur cinq éléments.

1 Il évoque, entre autres, une relocalisation de la production avec une évolution de la réglementation qui assure « l’approvisionnement souverain ».

2 Il propose le renforcement de la recherche commune. Cela suppose une mobilisation des laboratoires des établissements de recherche et des universités non seulement en proximité des régions frontalières mais aussi dans l’ensemble de nos pays.

L’enjeu est mondial et suppose une mobilisation de toutes nos capacités. Ainsi une cartographie fine non seulement de possibles sites de production de vaccins et médicaments est nécessaire mais pourrait et doit s’appliquer à la chaîne de la recherche.

3 La discussion franco-allemande sur la relance ne peut faire l’impasse d’une intervention commune et de moyens dédiés tant à la prévention qu’aux soins en temps de crise.

Deux points pourront être complétés par les États et notre Assemblée le moment venu.

4 D’une part si notre projet est celui d’assurer une protection et un meilleur bien être à nos nations, il est aussi soutenu par une même vision de la démocratie et des libertés individuelles forgée pour l’une et pour l’autre par l’histoire.

Nous devons veiller à la libre circulation des personnes et au partage des données épidémiologiques comme le propose la résolution mais avec le souci des autres garanties fondamentales que des régimes d’exception et d’urgence ne peuvent suspendre de façon longue.

5 D’autre part, si le projet évoque les moyens que nous pouvons mobiliser ensemble notamment des organismes de secours et la brigade franco-allemande, je pense qu’il conviendrait de réfléchir à la création d’une réserve sanitaire franco-allemande composée de personnel médical et soignant formés aux urgences et gestes adaptés en provenance des deux pays ; cela pourrait être une façon de préfigure une réelle réserve sanitaire européenne