Devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, Marietta KARAMANLI plaide pour le maintien de l’aide au développement et des mécanismes garantissant une meilleure répartition de la richesse internationale

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Le 30 janvier 2014, intervenant devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, j’ai plaidé pour le maintien d’une aide au développement conséquente en vue de garantir la réalisation des objectifs du millénaire. Les huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) forment un plan approuvé par tous les pays du monde et par toutes les grandes institutions mondiales de développement.
Il s’agit de
– la lutte contre l’extrême pauvreté et la faim,
– l’éducation primaire pour tous,

 l’égalité des sexes,
– la réduction de mortalité infantile,
– l’amélioration de la santé des mères,
– la lutte contre les maladies,

 un environnement durable,

 un partenariat mondial.
J’ai rappelé que les 85 personnes les plus riches au monde avaient autant que les 3 milliards et demi les plus pauvres!
J’ai plaidé devant les représentants des parlements des 47 états membres et des nombreux pays observateurs ou associés pour la préservation d’un modèle qui garantisse la solidarité en Europe même et assure une aide au développement aux pays les plus pauvres.
J’ai fait trois propositions:

 l’étude de la faisabilité d’une caisse de compensation internationale qui limite les déséquilibres commerciaux entre pays,

 des mesures pour pour assurer l’impôt sur les activités économiques dans le monde,

 une exemplarité des Etats du Conseil de l’Europe mobilisés sur ces thèmes.
Je ne manquerai de soutenir les initiatives pouvant aller dans ce sens.
Marietta KARAMANLI


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LE PRÉSIDENT €“

La séance est ouverte.

1. Intensifier les efforts de lutte contre les inégalités au niveau mondial :
la contribution de l’Europe au processus des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD)

LE PRÉSIDENT €“ L’ordre du jour appelle la présentation et la discussion du rapport de Sir Alan Meale, intitulé « Intensifier les efforts de lutte contre les inégalités au niveau mondial : la contribution de l’Europe au processus des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) » (Doc. 13368), présenté au nom de la commission des questions sociales, de la santé et du développement durable.

Mme KARAMANLI (France)

Je souhaite remercier Sir Alan Meale, qui nous livre dans son rapport des chiffres qui peuvent paraitre arides mais qui nous aident à comprendre les trop grandes différences qui minent notre monde.

Aujourd’hui, les 85 personnes les plus riches du monde possèdent autant que les 3,5 milliards d’êtres humains les plus pauvres. Manger à sa faim, bénéficier des soins que justifie son état de santé, aller à l’école, accéder à des conditions de travail et à un salaire décents, ne plus avoir peur des hommes quand on est une femme sont autant de droits qui paraissent à bon nombre d’entre nous vivant dans cette partie du monde comme acquis, ou du moins largement partagés. Ils ne le sont pourtant pas pour la majorité des femmes et des hommes de ce monde.

L’Europe est triplement concernée par l’insuffisante réalisation des Objectifs du millénaire.

Tout d’abord, elle doit rester exemplaire. Dans bon nombre de nos pays, les objectifs d’un développement humain de base sont pour une large part atteints, et ce même si les problèmes les plus cruciaux n’ont pas tous été résolus.

La crise et les tensions nées d’un partage des richesses qui n’augmente plus, laissent le champ à des mouvements politiques populistes, qui contestent l’idée même que la pauvreté puisse être limitée ou éradiquée.

Des réponses économiques adaptées aux besoins des populations qui souffrent de la crise doivent être envisagées au bon endroit, à savoir au niveau du continent européen.

En sauvant le modèle social-européen, nous sauverons aussi l’aide aux pays en voie de développement. Dans les pays de l’OCDE, l’aide au développement a reculé de 4 % en valeur réelle en 2012, après avoir baissé de 2 % en 2011.

Certains en Europe réclament la fin de cette aide au motif de sa prétendue inefficacité. Nous ne pouvons et nous ne devons pas laisser passer cette affirmation qui mélange la mesure principale et des inconvénients qui sont minoritaires.

Enfin, l’Europe doit être plus visible et plus lisible.

Je ferai trois suggestions pour retrouver une dynamique forte de lutte contre les inégalités extrêmes.

Nos Etats doivent réexaminer comment l’idée, chère au grand économiste Paul Davidson et inspirée de John Maynard Keynes, d’une chambre de compensation internationale, peut progresser.
Un tel mécanisme a pour objectif d’utiliser les excédents financiers d’une partie du monde au financement du développement de l’autre partie.

Nos Etats doivent aussi envisager de lutter plus efficacement contre les pratiques qui visent à faire échapper les activités économiques internationalisées à l’impôt.

Enfin, nos Etats doivent donner l’exemple : quand tous les membres d’une collectivité peuvent se réaliser et réussir, c’est toute la collectivité qui se réalise et réussit. Pour paraphraser, le Président Obama, quand les femmes et tous ceux qui sont habituellement loin du pouvoir réussissent, c’est toute une communauté qui réussit.

Et comme l’a noté le rapporteur, notre Assemblée, par sa diversité et ses valeurs, peut et doit contribuer au processus international de négociation et de coopération visant à améliorer l’efficacité des politiques publiques mises en Å“uvre pour atteindre les Objectifs du millénaire.

Une action sur le partage de la richesse et garantissant l’efficacité de l’impôt et le respect dû à chacun, serait de nature à soutenir avec efficacité la réalisation des Objectifs du millénaire.