Marietta KARAMANLI « Il est important de fixer aux Etats européens des objectifs à atteindre en matière d’énergies renouvelables ; parallèlement les prix du gaz de schiste sont en constante augmentation »

800px-EG10_Globe-Hintergrund-JPG-MK.jpg

Le 29 janvier 2014, la commission des affaires européennes de l’Assemblée Nationale, dont je suis la Vice-présidente, a auditionné Mme Connie Hedegaard, commissaire européenne chargée de l’action pour le climat.
A cette occasion je l’ai interrogé sur le fait que si la commission fixait d’ores et déjà aux Etats des objectifs en termes de diminution des gaz à effet de serre (GES) elle déterminait seulement un objectif global de croissance des énergies renouvelables applicable à l’ensemble de l’Union. Selon moi il faudrait fixer un objectif raisonnable à chaque Etat quitte à le différencier en fonction des caractéristiques nationales. Par ailleurs je l’ai interrogé sur le risque d’importations massive de pétrole d’origine schisteuse de moindre qualité et libérant beaucoup plus de carbone que le pétrole classique.
La commissaire a fait valoir que la directive efficacité énergétique est en cours de révision (cet instrument étant distinct du paquet énergie qui fixe le premier objectif concernant les gaz à effet de serre). Concernant les pétroles et gaz d’origine schisteuse, elle a fait valoir l’augmentation de leur coût : +200 % depuis 2010 ce qui devrait ralentir leur importation.
Le sujet de la transition énergétique fait partie des priorités de l’action publique pour :

 lutter contre le réchauffement climatique,

 changer la donne économique par des investissements durables,

 agir pour l’emploi avec à la clef d’importantes créations.
Ensemble nous devons mobiliser et réaliser la transition énergétique.
Marietta KARAMANLI


800px-EG10_Globe-Hintergrund-JPG-MK.jpg

Commission des affaires européennes, mercredi 29 janvier 2014
16 h 30, Compte rendu n° 114
II. Audition de Mme Connie Hedegaard, commissaire européenne chargée de l’action pour le climat

Mme Marietta Karamanli.

Pouvez-vous nous expliquer les raisons qui justifient cette distinction entre l’objectif de réduction de GES destiné à tous les États, et la montée en charge des énergies renouvelables laissée à l’Union européenne dans son ensemble ?

Ne serait-il pas préférable de fixer au préalable les capacités d’exploitation d’énergies renouvelables ? Disposez-vous de pistes d’exploitation en ce sens ?

Par ailleurs, l‘augmentation de l’exploitation du pétrole issu des sables bitumineux risquerait d’entraîner une augmentation des GES, dans la mesure où elle libère 23 % de carbone en plus que le carbone conventionnel.
Or, la révision de la directive sur la qualité des carburants n’interviendra pas avant 2020. Que dire de ce décalage dans le temps ?

Mme Connie Hedegaard, commissaire européenne chargée de l’action pour le climat.

Tout d’abord, s’il n’y a pas d’objectif d’efficacité énergétique, c’est parce que la directive « efficacité énergétique » est en train d’être revue, pour une publication prévisionnelle en milieu d’année. En fonction des résultats de l’étude en cours, on décidera s’il faut de nouveaux outils et des objectifs contraignants.

Il est clair qu’il existe des manières moins onéreuses de réduire les GES. Mais les secteurs liés à l’environnement devraient également permettre la création d’emplois : voulez-vous utiliser l’outil le moins cher pour parvenir à nos objectifs, ou êtes-vous disposés à payer un peu plus pour permettre la création d’emploi ?

À cet égard, le sommet des 20 et 21 mars abordera également la question de la compétitivité de l’Europe. L’Europe pourrait également stimuler l’innovation et prendre sa place sur les marchés de technologies vertes, l’environnement étant l’un des rares secteurs permettant la création d’emplois.

Le fait de passer d’un objectif de 20 à 40 % de réduction de GES ne se fera pas au détriment de la compétitivité de l’industrie européenne : les secteurs qui font le plus face à la concurrence ont en effet bénéficié d’une certaines gratuité. Nous avons mis en place différentes politiques pour protéger notre industrie, ce qui a porté ses fruits.

Nous n’avons pas réussi à mettre en place un marché unique de l’énergie, dans la mesure où les politiques sont menées au niveau national.

Beaucoup de facteurs ont conduit à la hausse des prix de l’énergie, notamment l’augmentation du prix du pétrole. Ce n’est pas le coût de production ne l’énergie en Europe qui est problématique. Dans certains pays, les énergies alternatives permettent de réduire la facture énergétique.

Le Fonds vert est l’un des domaines sur lequel les choses avancent le plus sur le plan international. Les obstacles à l’augmentation des contributions au Fonds ont été identifiés, et les fonds publics vont être utilisés pour essayer de rendre les investissements privés plus attractifs. Il faut en effet arriver à 100 milliards de dollars chaque année d’ici 2020, et cela ne peut se faire uniquement par le biais des fonds publics.

S’agissant du gaz de schiste, j’ai pris l’initiative de réunir les commissaires et nous avons conclu que si le gaz de schiste est un peu plus polluant sur le plan climatique, il est un peu plus efficace que ce que nous importons. Il n’est donc pas un véritable problème sur le plan climatique.

Le Commissaire à l’environnement propose de simples recommandations, par exemple que tous les produits chimiques utilisés pour la fracturation soient rendus publics, ce qui n’est pas le cas aux États-Unis.
Le principal problème est que les gens pensent que cela est beaucoup moins cher aux États-Unis, mais depuis 2010 les prix du gaz de schiste y ont augmenté de plus de 200 % ! Les coûts énergétiques sont certes plus élevés en Europe qu’aux États-Unis, mais cela constitue une motivation pour davantage d’efficacité et pour éliminer la différence de prix.