« L’environnement et le développement durable, priorités des collectivités de proximité » par Marietta KARAMANLI

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Invitée en CRETE (GRECE)° les 22 et 23 septembre 2010 dans la ville SITIA ville balnéaire de 9000 habitants pour une rencontre internationale ayant pour thème « pour un développement vert en action », ne pouvant m’y rendre et considérant l’intérêt du sujet j’ai adressé aux participants un texte « L’environnement et le développement durable, priorités des collectivités de proximité » tirée de mon expérience d’élue locale de l’agglomération mancelle. Il m’est apparu utile de vous en rendre compte. J’y aborde trois thèmes : le caractère ancien de l’intervention des collectivités de proximité dans ce domaine, les différentes composantes à partir desquelles les collectivités agissent, les éléments clefs de la réussite dans ce domaine. En conclusion je rappelle la nécessité la nécessité de mener une politique qui lie deux objectifs : préserver ce qui est commun et en faire profiter tous !

Photo NASA : trou d’ozone Antarctique 2010


L’environnement et le développement durable, priorités des collectivités de proximité

Mesdames, Messieurs, Cher(e)s Ami(e)s,

Vous avez bien voulu me demander de livrer un témoignage sur mon expérience d’élue locale française en matière de projets de développement durable par les collectivités décentralisées ce que j’appellerai, ici, collectivités de proximité.

Ancienne vice-présidente de LE MANS Métropole en charge de l’environnement , je vais essayer de dresser un portrait de l’évolution des préoccupations en matière d’environnement.

Juste un mot, LE MANS métropole rassemble neuf communes dont la plus grande LE MANS compte 145 000 habitants pour un total de 185 000 habitants. Son budget était en 2009 de 257 Millions ‚¬.

Mon propos sera centré autour de trois thèmes :
1) Le caractère ancien de l’intervention des collectivités de proximité dans ce domaine,
2) Les différentes composantes à partir desquelles les collectivités agissent en vous faisant partager mon expérience locale,
3) Les éléments clefs de la réussite dans ce domaine.

1 Le caractère ancien de la préoccupation environnementale

L’environnement est une préoccupation des collectivités locales depuis longtemps.
Sans remonter à l’Ancien Régime, il est possible de dire que la préoccupation des communes pour l’environnement s’est d’abord construite sur les questions d’approvisionnement en eau potable et de gestion des ordures.
Le principal moyen d’intervention était alors la police au sens de réglementation.

De nouvelles préoccupations se sont faites jour et les moyens des collectivités locales ont évolué : il ne s’agit plus seulement d’approvisionner en eau potable et de traiter les ordures mais aussi de fournir des prestations et d’inciter par des choix de structure à économiser les ressources naturelles et à « naturaliser », si j’ose dire, la ville.

Aujourd’hui l’action des collectivités vise à améliorer la qualité de vie et à gérer raisonnablement les ressources sans hypothéquer l’avenir.

II Les différentes composantes à partir desquelles les collectivités agissent

La première composante de cette action est certainement

Le développement de transports collectifs et « propres » du moins électriques

L’objectif est là de

 diversifier les moyens de déplacement dans la ville pour mieux gérer les flux, les temps d’attente,

 mettre l’accent sur la surveillance de la qualité de l’air et le contrôle du bruit
Et

 bien sûr économiser les énergies « fossiles » utilisées.

Ainsi au MANS un tramway électrique (ou Transport sur Voie Réservée) a été réalisé dont la tracé structure la ville entre la Nord et le Sud, desservant les grandes infrastructures sportives et de loisirs (circuit automobile, salle de basket et nouveau stade de football), les quartiers populaires, le centre ville, puis l’hôpital et l’Université.
Une seconde ligne est déjà à l’étude.

Parallèlement le déplacement des cyclistes sur des voies propres a été encouragé.

La deuxième composante est la réalisation de logements et quartiers économes en énergie, ce qu’on appelle aussi aujourd’hui les éco-quartiers.

L’objectif est d’ « écologiser » les bâtiments et les techniques d’habitation en choisissant à coût équivalent des techniques économisant l’énergie, l’eau mais aussi les déplacements.
La priorité est d’abord de mieux isoler les locaux d’habitation et notamment les collectifs.
La préoccupation se porte aussi sur le traitement de l’eau en récupérant l’eau de pluie, en réutilisant les eaux usagées après traitement sommaire ou sophistiqué pour une nouvelle utilisation en proximité.
Parallèlement, un objectif d’autosuffisance ou de « quasi-autosuffisance » est fixé par le mise en place de dispositifs d’énergies renouvelables (éolien, solaire, géothermie, utilisation des déchets organiques pour la production d’énergie par bio-masse€¦).

Au Mans, trois éco-quartiers sont en cours de réalisation ou en projets.
Est mise en avant une architecture favorable


 à l’optimisation de l’espace,

 aux économies d’énergie par le développement d’une production d’énergie renouvelable,

 au traitement sélectif des déchets et au recyclage de l’eau de pluie pour les espaces verts,

 à la limitation de l’utilisation des automobiles (par la proximité des équipements de service, des cheminements adaptés aux piétons et vélos, la desserte par transports collectifs).

La troisième composante est la création d’espaces naturels publics.

La naissance de villes « vertes » passe par la mise en valeur d’espaces naturels qui soient aussi des lieux publics et d’échange sur l’environnement.
Il s’agit de mettre en valeur des espaces permettant la découverte du patrimoine naturel et la maintien de la biodiversité.
LE MANS métropole a ainsi développé une réserve naturelle aux portes de la Ville de 450 ha ouverts en permanence au public.
Depuis 1998 de nombreuses activités (stages, promenades, animations) autour des animaux, de la flore et des productions naturelles locales sont réalisées.

Ces trois thèmes (transports, habitation et flux économes, maintien de la biodiversité) ne sauraient à eux seuls résumer l’engagement des collectivités de proximité en faveur de l’environnement et du développement urbain durable.

Ils en sont néanmoins des composantes significatives et indispensables.

Je voudrai terminer en appelant votre attention sur ce que j’appelle

III Les éléments clefs de la réussite.

Ils sont, selon moi, au nombre de deux.
L’extension constante des objectifs et des méthodes

Trop souvent l’action en faveur du développement durable est vue comme une addition d’action juxtaposées (trois maisons économes en énergie, une piste cyclable, un espace vert€¦)€¦sans réflexion d’ensemble (par exemple exposition favorable du site et des locaux) sans réflexion sur la persistance de mauvaises pratiques assez générales !
L’arbre d’une bonne pratique ne doit pas cacher la forêt de toutes les mauvaises habitudes et de l’intérêt généralisé du court terme !
Les expériences développées sont l’occasion d’acquérir un savoir-faire qui doit se généraliser progressivement et irriguer en amont le développement urbain.
Ces bonnes pratiques doivent par ailleurs concerner non seulement les programmes nouveaux mais aussi les actions de rénovation urbaine.

La participation citoyenne et la mixité sociale

Un élément déterminant à la réussite de ces actions est la participation des habitants et les partenariats entre les institutionnels (la collectivité, le ou les promoteurs, les organismes de services des flux (chauffage, eau, etc€¦).

La participation du plus grand nombre doit aussi permettre de garantir la mixité sociale des projets (maisons individuelles et petits collectifs, location et accession à la propriété,etc€¦).

Au final il faut offrir aux habitants deux choses :

  une haute qualité de vie qui soit la plus économe possible en milieu urbain
et

  un accès égal à tous à cette haute qualité de vie !

En Crète, on le sait depuis 2500 ans, c’est parce que le ciel et la terre sont des biens commun que les hommes sont égaux entre eux.
Cette référence à votre histoire locale si j’ose dire n’est pas qu’anecdotique car l’idée même fonde la nécessité de mener une politique qui lie ces deux objectifs : préserver ce qui est commun et en faire profiter tous !

Marietta KARAMANLI.

Députée

Maire-Adjointe DU MANS