« L’intégration des Roms en Europe : une question qui appelle une plus grande implication de l’Union européenne et une efficacité améliorée des mesures » par Marietta KARAMANLI

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Le 18 septembre j’ai présenté à la commission des affaires européennes de l’Assemblée Nationale, en compagnie d’un de mes collègues co-rapporteur (UMP), un rapport d’information sur « L’intégration des populations Roms dans l’Union européenne ».
Ce rapport a un double objectif : faire un point sur l’articulation des mesures menées au plan national avec le cadre établi par l’Union européenne ; donner un avis sur la nouvelle stratégie européenne proposée au regard des mesures mises en oeuvre et ayant fait leurs preuves.
Selon moi les constats opérés permettent de donner à voir trois éléments significatifs :

 la nécessité d’une approche européenne au regard d’une population (dont la très grande majorité en Europe est sédentarisée), nécessitant la mise en Å“uvre effective dans les pays d’origine et d’accueil de mesures adaptées ;

 l’existence de dispositifs ayant montré leurs effets positifs dans le temps ;

 l’adaptation d’un cadre général avec des actions prioritaires que l’Union européenne pourrait piloter avec les Etats membres en vue de les rendre effectives et avec le souci de les évaluer.
A la suite, la Commission a adopté des conclusions visant, entre autres, à ce que la proposition de recommandation de l’Union soit approuvée par les Etats membres, que l’Union prenne l’initiative d’actions prioritaires, en relation avec les Etats d’où sont originaires les populations, que soit menée une politique d’intégration plus efficace et évaluée, que soient simplifiées les procédures d’accès aux financements utiles, que les populations puissent organiser leur représentation sur un mode associatif ou encore que soit valorisée une approche volontaire et conventionnelle des projets permettant une meilleure intégration.


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A la suite des déclarations de plusieurs responsables politiques, j’ai été amenée à préciser notamment à la presse le sens du travail fait et à donner quelques observations à partir d’éléments circonstanciés.
Je les livre ici .

I Une question européenne

Le rapport constate que les diverses institutions européennes se sont fixées un objectif d’intégration des populations Roms. C’est donc une réalité historique et sociologique qu’une partie de ces populations souffre depuis longtemps d’une insuffisance de considération et d’intégration qui les amènent à vivre parfois difficilement et différemment des conditions habituelles de vie des populations majoritaires. Ces populations Roms se regroupent souvent entre elles. Ce n’est ni propre ni exclusif aux Roms, même s’il existe en l’absence de sédentarisation d’une minorité en Europe, un problème de campements aux marges de plusieurs grandes villes.

2 L’intégration : répondre aux besoins urgents ; mettre en oeuvre l’intégration

Comme l’ont montré les sociologues, l’intégration ne peut se résumer à une décision des institutions ou des groupes ou des individus. Il y faut des politiques qui ont souvent besoin de temps pour montrer des résultats. A certains moments il existe dans un contexte de difficultés globales et du fait de la concentration de populations la formation de zones défavorisées et dangereuses que les pouvoirs publics doivent résorber. Il faut donc tenir les deux bouts : résorber les zones inacceptables et conduire des mesures qui, utilisant la volonté des personnes et celles des groupes, les conduisent à accéder à l’éducation, au logement et au travail.
Il n’est pas anormal que les moments précédant les élections soient des moments où sont évoqués des sujets qui sont des préoccupations réelles à certains endroits. Ne pas discuter dans une société (où existe un sentiment de déclassement social de certaines catégories ou d’absence de protection de celles-ci), de ces préoccupations reviendrait à « cacher » quelque chose et ne pas pouvoir parler de sujets plus importants ou globaux.
Reste à savoir si en parler doit occuper tout l’espace public et s’il ne convient pas d’en parler à hauteur des enjeux réels qui sont aujourd’hui des questions au niveau de toute l’Europe. A ce titre il est clair que ce qui n’est pas traiter à un endroit et notamment dans les pays de l’Union d’où sont originaires une partie de ces populations, devient un problème à un autre endroit.

3 Le contexte et la complexité

Il y a un effet de contexte et de « révélateur ».
Plus qu’hier la réalité de la vie dans la société européenne c’est de faire cohabiter de façon proche des populations qui vivaient loin et ne se rencontraient pas.
Comme l’historien C.A.BAYLY le montre dans « La naissance du monde moderne » si les sociétés sont moins diverses et deviennent plus uniformes, elles gagnent au sein d’un même système social, politique, ou idéologique en complexité. De plus il faut faire coexister des mesures de court terme, par exemple en termes de sécurité, et des mesures de plus long terme par exemple en matière d’éducation.
Les temps ne sont pas les mêmes. Je ne crois pas qu’il faille les opposer, je ne crois pas non plus qu’il faille considérer qu’on soit pour les unes et contre les autres.

4 Améliorer l’efficacité des mesures à prendre en Europe, ici et ailleurs

De plus comme la commission qui a adopté le rapport l’a dit, j’estime que l’Union doit prendre l’initiative d’actions prioritaires, en relation avec les Etats d’où sont originaires les populations, pour que soit menée une politique d’intégration plus efficace et évaluée, que les procédures d’accès aux financements utiles doivent être simplifiées, que les populations doivent pouvoir organiser leur représentation sur un mode associatif et qu’une approche volontaire et conventionnelle des projets permettant une meilleure intégration doit être valorisée.

Ceci n’est pas en mesure de résoudre tous les problèmes mais, je le crois sincèrement, est de nature à améliorer l’efficacité des mesures à prendre.

Marietta KARAMANLI

Pour consulter le rapport, voir le document sous format Pdf joint.