Marietta KARAMANLI « Augmentation des prix des billets de train : des usagers plus payeurs et moins bien desservis »

120px-BER-Train-svg.png

Le 3 janvier j’ai réagi à la décision de la SNCF d’augmenter les prix des billets des trains.
Cette décision intervient alors même que le 11 décembre dernier, elle a modifié les horaires de 80 % des trains et que cette décision dégrade le service des trains express régionaux (TER) de la Sarthe circulant sur la ligne classique, entre Le Mans €“ Champagné €“ La Ferté-Bernard
Les motifs de cette augmentation (augmentation de la TVA et inflation) me semblent avoir, comme on dit, « bon dos » alors même que la SNCF verse des dividendes à l’Etat qui aurait pu y renoncer alors que le train fait partie pour de nombreux français des dépenses dites contraintes pour aller travailler ou se former.
Les contreparties de cette augmentation sont annoncées mais peu évaluables et visibles du fait des modes de détermination des billets qui sont, eux, opaques.
Les effets de cette augmentations sont eux certains et éloignent davantage les usagers du train alors qu’il constitue une alternative à la voiture…
Enfin, les usagers prenant le TGV pour Le Mans et la Sarthe ou depuis le Mans et la Sarthe sont doublement désavantagés puisque les tarifs sont plus chers pour eux que pour n’importe quel usager de la ligne à grande vitesse. Il ne s’agit pas d’une « intuition » mais d’un constat confirmé par le ministre des transports dans une réponse à une de mes questions écrites. Celui-ci justifie cette différence de prix par un niveau de performance qui « n’est pas comparable » car l’ensemble de la ligne pas en à grande vitesse. Je conteste cette appréciation car le Conseil d’Etat avait estimé dès 1993 qu’un écart maximum entre les tarifs de base particuliers et le tarif de base général devait être fixé. Par ailleurs il omet de dire que la « performance » des dessertes n’est pas la même. Je crois qu’il faut désormais envisager de demander au juge d’apprécier si l’égalité entre les usagers est bien respectée par la SNCF et l’Etat .


120px-BER-Train-svg.png

Le texte de mon communiqué de presse

Pas de trêve pour l’augmentation des tarifs SNCF

Entre Noël et le jour de l’an, la SNCF a annoncé l’augmentation de ses tarifs à compter de demain, 3 janvier 2012.
Une nouvelle fois les usagers réguliers ou occasionnels du train vont devoir contribuer au financement d’un service qui s’effrite régulièrement. Il s’agit de la répercussion de l’augmentation du taux réduit de TVA pour les usagers du TGV et pour les autres d’une augmentation plus globale en lien aussi avec l’inflation€¦
Il y a pour la SNCF toujours une bonne raison d’augmenter ses tarifs !

Un jeu « perdant-perdant » pour les usagers

La SNCF prétend en contrepartie réduire certains tarifs et geler les abonnements forfaits du TGV ou étudiants-élèves-apprentis. L’insuffisance de lisibilité des tarifs SNCF rend impossible toute estimation des efforts faits en direction des usagers.
Je note qu’aucune des recommandations significatives faites par un rapport parlementaire de 2008 sur la politique tarifaire de la SNCF n’a été suivie d’effet et notamment pas d’information sur le prix médian du trajet c’est-à-dire le prix au-delà duquel 50 % paient plus cher et en deçà duquel 50 % paient moins cher ; pas d’indication du prix du péage payé ; etc€¦

Les mots et les choses

Je note aussi que l’Etat, malgré des déclarations toujours encourageantes en faveur du développement durable, ne donne aucun signe en vue de favoriser le train au quotidien. Je constate que la SNCF qui devrait incarner un service de cohésion sociale ne se préoccupe guère de ses usagers et donne priorité au paiement de ses dividendes à l’Etat.

Les usagers du Mans et de la Sarthe « plus payeurs » et « moins desservis »

Dans une question écrite au ministre chargé des transports, sur les tarifs TGV entre Le Mans et Paris, je m’étonnais que les usagers depuis Paris vers Le Mans ou depuis Le Mans vers Paris paient proportionnellement plus cher que les autres usagers. Dans sa réponse parue au Journal Officiel le 17 décembre dernier, le ministre reconnaît cette différence de traitement et considère que « le niveau de performance n’est pas comparable, la liaison Paris-Le Mans étant effectuée pour sa majeure partie sur une ligne à grande vitesse. Il est donc légitime de répercuter cette différence de performance dans le prix des billets ». Il omet de dire que les usagers sont moins (des)servis et le seront encore moins demain. Il est remarquable que cet argument d’un service différent ne soit pas assorti du rappel des garanties qui s’attachent au service public. Dans un avis rendu le 24 juin 1993 le Conseil d’Etat avait rappelé la nécessité que « pour éviter de porter atteinte, sur les liaisons concernées, au principe d’égal accès de tous au service public il soit imposé un écart maximum entre les tarifs de base particuliers et le tarif de base général ». A ce jour cette garantie n’est pas apportée ou connue. Toutes ces considérations disparaissent et les usagers Sarthois sont doublement pénalisés par cette hausse. Peut-être faudra-t-il en arriver à faire du contentieux pour obtenir que la transparence de la tarification et des principes du service public soient respectés par l’Etat et la SNCF…