Marietta KARAMANLI devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe  » Le droit de participation à la vie culturelle, un droit de l’homme que les Etats doivent garantir »

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Mardi dernier 24 janvier, j’étais à Strasbourg pour participer à l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) comme représentante de l’Assemblée Nationale Française. Je suis intervenue dans deux débats parlementaires préalables à d’adoption de résolutions de l’APCE. Le premier débat était relatif au droit de chacun de participer à la vie culturelle. A cette occasion, et parlant au nom des parlementaires socialistes des 47 Etats membres du Conseil de l’Europe, j’ai rappelé que ce droit est un droit de l’homme. Comme bon nombre de droits, il suppose la liberté, ici de créer et de participer. Son exercice pratique suppose une intervention de l’Etat pour que chacun ait les moyens matériels d’accéder aux connaissances, aux arts et aux manifestations culturelles. Au moment où la crise amène les Etats à réduire leurs dépenses, celles concernant l’accès la culture doivent être maintenues car si elles sont minimes leur effet est important. Elles permettent notamment à tous d’exercer leurs talents et de donner le meilleur d’eux-mêmes et, par là, de diminuer les inégalités. L’absence de toute politique et volonté dans ce domaine auraient certainement un coût élevé, un peu comme dans l’éducation où les dépenses sont souvent vues comme des charges alors même que le retour est important pour les hommes et l’économie. Dans bon nombre de domaines, l’innovation et la culture sont au cÅ“ur des dynamiques de développement. Il faut donc les préserver et les encourager.


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Le texte de mon intervention

SESSION ORDINAIRE DE 2012, (Première partie), COMPTE RENDU
de la quatrième séance, Mardi 24 janvier 2012 à 15 h 30

2. Le droit de chacun de participer à la vie culturelle

LE PRÉSIDENT

La parole est à Mme Karamanli.

Mme Karamanli (France)*

Monsieur le Président, Madame la rapporteure, chers collègues, notre discussion se tient au moment où dans l’ensemble des pays de l’Europe, la crise des endettements privé et public conduit à réduire les dépenses publiques, sacrifiant bien souvent ce qui est considéré comme accessoire et non indispensable, car n’étant pas un besoin élémentaire des individus, et notamment les dépenses dédiées à l’éducation et à la culture.

Tout d’abord, je voudrais dire au nom du groupe socialiste que ce rapport présente un quadruple intérêt :

 il rappelle que le droit à la culture et à toutes ses formes, qu’elles soient contributives ou créatives, est un droit de l’homme ;

 il fait de la collectivité et notamment de l’Etat un acteur essentiel de sa mise en Å“uvre ;

 il envisage le droit à la participation à la vie culturelle comme un droit de créance que chacun peut mettre en Å“uvre en le définissant et en l’adaptant à sa personnalité et à ses besoins. Cet exercice suppose une approche décloisonnée que tente de cerner le rapport.

 Enfin, il met l’accent sur l’enjeu que ce droit représente pour les jeunes.

Tous ces points nous paraissent positifs et nous devons en remercier Mme la rapporteure, les membres de la commission de la culture, de la science et de l’éducation, ainsi que tous ceux qui ont apporté leurs réflexions.

La participation à la vie culturelle est une manifestation de la citoyenneté et au cÅ“ur même de la vie de la cité.
Ce droit en est un des fondements et, comme tel, devrait bien plus retenir l’attention des gouvernements. Dans l’antiquité grecque, le lien qui existe entre participation à la vie culturelle et vie citoyenne pouvait se ressentir au théâtre où le monologue devenait dialogue, où l’on traitait des questions de la cité. Lors de concours, le public approuvait ou désapprouvait€¦
Aujourd’hui, ce lien est toujours vivant, mais il faut le préserver.
Ce droit de participation à la vie culturelle est aussi de nature à faire progresser l’égalité. Il incite les individus à donner le meilleur d’eux-mêmes.

La deuxième idée que je retiens du rapport est que les changements à venir ne pourront avoir lieu que si les Etats réalisent un effort massif en faveur de ce droit €“ ce caractère massif étant, au final, minime au regard des effets bénéfiques qui peuvent en être attendus. Les politiques doivent donc investir dans la participation de chacun à la vie culturelle et nous en appelons aux gouvernements et institutions internationales pour qu’ils comprennent que ces dépenses en période de crise ne doivent pas devenir des parents pauvres de l’action publique, mais être au cÅ“ur d’une politique de développement économique et de remodelage de la société.

Le rapport propose un canevas d’outils et d’institutions propres à inciter les Etats à faire cet effort. C’est un premier pas. Mais la vérité n’est pas dans les outils, elle réside dans la volonté politique de faire autrement, au-delà des mots ! Peut-être faudrait-il montrer aussi en quoi le fait de ne pas agir appauvrirait nos communautés et leur développement.
L’enjeu de ces investissements et remodelages est à la fois culturel et social. La démocratie, dont le Conseil de l’Europe est à la fois le symbole et le garant, n’est pas seulement laissée au libre choix des gouvernants, elle est aussi la promotion de l’accès au droit à la culture et à l’affirmation des capacités de chaque individu par celle-ci.