Marietta KARAMANLI devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe « Migrations en Méditerranée : accueillir les réfugiés de guerre, aider les pays d’origine et tiers pour maintenir autant que possible les migrants près de leur pays, réguler le système international pour prévenir les conflits sociaux internationaux »

Le mardi 29 septembre 2015, je suis intervenue dans le débat sur « une réponse humanitaire et politique globale à la crise des migrations et des réfugiés en Europe » (Débat d’actualité).
Dans mon propos j’ai rappelé l’importance en nombre de la crise des migrations que rencontre le Monde avec environ 60 millions de personnes touchées.
J’ai insisté sur le fait que les migrations massives auxquelles l’Europe doit faire face sont d’abord le résultat de crises politiques. Les raisons de ces migrations peuvent être politiques, économiques ou climatiques et constituent un défi aujourd’hui et le seront demain. L’urgence est de trouver d’abord trouver des solutions adaptées à l’accueil massif de migrants qui peuvent recevoir le statut de réfugiés. À cette fin, le développement de véritables programmes de relocalisation, un accord politique sur les pays sûrs et un droit d’asile refondé, des négociations internationales visant à accompagner les pays d’origine et tiers dans leur accueil des populations migrantes doivent être des priorités politiques pour tous. Parallèlement, il faut continuer de renforcer les politiques d’intégration transversales dans les pays d’accueil.
Enfin j’ai considéré qu’il était nécessaire de prévenir les conflits sociaux internationaux, les conflits qui prennent naissance dans un Etat et se propage dans l’ensemble d’une région et de veiller au développement économique et de redistribution entre Etats.


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SESSION ORDINAIRE DE 2015 (Quatrième partie), COMPTE RENDU de la trente et unième séance, Mardi 29 septembre 2015 à 15 h 30, la séance est ouverte à 15 h 40 sous la présidence de Mme Brasseur, Présidente de l’Assemblée.

« Une réponse humanitaire et politique globale à la crise des migrations et des réfugiés en Europe » (Débat d’actualité)

L’ordre du jour appelle notre débat d’actualité sur « Une réponse humanitaire et politique globale à la crise des migrations et des réfugiés en Europe ».

Mme KARAMANLI (France)

La crise des réfugiés a atteint une ampleur sans précédent depuis plus de 60 ans. On estime qu’il y a dans le monde plus de 52 millions de personnes déplacées, dont près de 19 millions seraient des réfugiés. Cette crise – au sens d’une rupture – nous renvoie à un triple enjeu : politique, économique et social. C’est volontairement que je n’emploierai pas les mots « valeurs » ou « humaines », tout simplement parce que chacun de ces volets nous y ramène. Les migrations massives auxquelles l’Europe doit faire face sont d’abord le résultat de crises politiques.
Mais bon nombre d’Etats en paix ne veulent accueillir aucun réfugié, ou en admettent peu, invoquant leur sécurité interne, leur cohésion qui serait en danger et leurs moyens qu’ils jugent limités, voire la peur qu’ils décèlent chez leurs nationaux de perdre ce qu’ils ont dans un monde instable.
Ce sont ces crises, conjuguées aux différences de développement économique, qui mettent en mouvement des populations.
Or, dans un monde où l’une des principales perspectives politiques consiste à assurer la liberté de circulation des marchandises et où le progrès technique sert à accroître les flux et à aller plus vite et plus loin, la mobilité des populations entre Etats pour des raisons politiques, économiques ou climatiques est un défi aujourd’hui et le sera demain.
Reste qu’un autre enjeu est celui de l’économie dans laquelle nous voulons vivre. Si le marché est efficient pour produire et proposer des biens conformes à certains de nos besoins, il ne garantit pas la répartition de la prospérité au sein des Etats ni entre les Etats.
À bien des égards, la crise des migrations est aussi une crise d’économies qui n’offrent pas assez de perspectives et développements collectifs.
Le dernier rapport de l’OCDE relatif aux politiques migratoires des pays de l’OCDE met en évidence des tendances de fond parfois contradictoires, mais dont la cohérence est la recherche d’un mieux-être économique et politique.
L’oublier, c’est oublier le sens de l’histoire actuelle. Il faut d’abord trouver des solutions adaptées à l’accueil massif des migrants qui peuvent recevoir le statut de réfugiés.
À cette fin, le développement de véritables programmes de relocalisation, un accord politique sur les pays sûrs et un droit d’asile refondé, des négociations internationales visant à accompagner les pays d’origine et tiers dans leur accueil des populations migrantes doivent être des priorités politiques pour tous.
Parallèlement, il faut continuer de renforcer les politiques d’intégration transversales.
Autrement dit, il nous faut définir des politiques globales, qui assurent une meilleure redistribution de la richesse en direction de tous ceux ayant de faibles ressources, qu’il s’agisse de populations nouvellement arrivées ou non.
Enfin, en tant représentants des Etats membres du Conseil de l’Europe, nous devons être vigilants quant à l’application du droit existant et à la nécessité de faire valoir que c’est en avançant dans le domaine du développement économique et de la régulation des conflits sociaux internationaux que les migrations pourront si ce n’est être maîtrisées, du moins être le mieux régulées.