Marietta KARAMANLI « Pour prévenir une nouvelle crise financière internationale, il faut mieux cloisonner les activités financières par métier »

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Le 14 octobre dernier, j’ai interrogé la Ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi sur l’analyse faite par les gouvernements du G20 selon laquelle seule une meilleure surveillance était de nature à prévenir et limiter les effets d’une nouvelle crise financière. De mon côté, je suggère un meilleur cloisonnement des activités financières par métier (crédits immobiliers, crédits à la consommation, financement des entreprises ).
En effet la crise actuelle a été générée par deux éléments : une crise immobilière associée à une bulle du crédit. L’instabilité a d’abord été celle de marchés d’actifs. L’intensité des effets est liée, elle, à l’interconnexion générale des marchés financiers qui a permis une diffusion de produits comme les « subprimes » et autres. Mon analyse est que les marchés financiers sont par nature instables (les investisseurs cherchent à prévoir les prix futurs et non les vraies valeurs, ils achètent s’ils anticipent la hausse et vendent s’il croient que cela va baisser) et que la régulation ne peut venir seulement d’une meilleure surveillance mais bien d’un meilleur cloisonnement des activités financières par métier (crédits immobiliers, crédits à la consommation, financement des entreprises). Si l’analyse de la crise n’est pas la bonne, les mesures de régulation risquent de ne pas être adaptées et efficaces. Dans sa réponse, la ministre indique que cette option n’a pas été abordée!


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Retrouvez le texte de mon intervention et la réponse de la ministre de l’économie

COMMISSION DES AFFAIRES EUROPEENNES

Mercredi 14 octobre 2009
La séance est ouverte à seize heures trente

Audition, commune avec la Commission des affaires étrangères, de Mme Christine Lagarde, ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi (ouverte à la presse)

Mme Marietta Karamanli
La crise qui frappe actuellement notre économie est le double produit d’une bulle du crédit et d’une crise immobilière.

Certains économistes pensent que les marchés financiers sont par nature instables et que la régulation ne peut pas provenir seulement d’une meilleure surveillance, mais requiert un cloisonnement plus étanche des différentes activités financières par métiers €“ crédit immobilier, crédit à la consommation, crédit aux entreprises€¦

Cette étanchéité permettrait que des évolutions erratiques dans un secteur puissent être contrebalancées par une plus grande stabilité dans d’autres et présenterait l’intérêt de substituer une logique économique à une pure logique financière. L’Union européenne et la France ont-elles avancé cette idée lors du G20 ?


Mme LAGARDE


Madame Karamanli, faut-il ou non séparer de façon étanche banques d’affaires et banques de dépôt, en espérant éviter les contaminations croisées en cas de mal ? Cette question n’a pas été abordée au G20.

L’une des raisons pour lesquelles les banques françaises ont plutôt mieux tenu le coup que leurs homologues étrangères à l’automne dernier, c’est que leurs activités étaient équilibrées €“ en gros 60 % dépôt et 40 % banque d’affaires.
Les établissements qui ont précipité la crise n’avaient le plus souvent qu’une activité de banque d’affaires. Il faut bien peser les avantages et les inconvénients des deux formules. Pour ma part, je ne suis pas convaincue que l’étanchéité totale garantirait une meilleure solidité des banques.