« Réflexion sur la recomposition des écoles dans le SARTHE, Marietta KARAMANLI fait valoir la nécessité d’un diagnostic partagé, d’une organisation qui fonctionne hors des menaces de fermeture ponctuelle des classes et puisse bénéficier de moyens suffisants ou supplémentaires si besoin est »

Début novembre j’ai saisi le directeur des services départementaux de l’Education Nationale sur les inquiétudes (et que j’ai pu partager) qu’a fait naître la publication dans la presse locale d’un document de travail sur un projet de regroupement de classe, sur lequel les maires des communes et le Président du Conseil départemental aurait fait valoir leur point de vue.
N’ayant pas été associée aux travaux ni informée des conditions d’élaboration de ce qui aurait pu être la base d’une discussion, j’ai été amenée à poser la question du statut de ce document.
Il existe en effet des risques de fermeture de classe à raison même de la démographie de notre département qui n’attire pas de nouveaux habitants et voit ses enfants grandir. Cette situation est inverse de celle d’autres départements qui gagnent des populations nouvelles. Il faudra aussi se mobiliser sur cet enjeu.
Je rappelle dans mon courrier que selon les termes mêmes des réflexions nationales, toute évolution significative doit être précédée par un diagnostic qui doit être partagé entre l’Etat et les élus, que des facteurs tels que l’existence de bassins de vie, l’enclavement du territoire, les temps de transports acceptables doivent être pris en considération et que la réflexion pour l’avenir doit être bien dissocié de l’exercice annuel de la carte scolaire.
Je demande à ce que les particularités de notre département soient bien prises en compte ; parmi celles-ci peuvent être cités : l’existence de zones fragiles ; des évaluations scolaires mettant en évidence des écarts négatifs entre les résultats locaux et nationaux (les résultats des élèves sarthois restant en-deçà de ceux constatés au plan national et les différences se creusant entre les meilleurs et les plus faibles).
Je rappelle aussi qu’une recomposition peut s’accompagner du maintien voire de moyens nouveaux (effectifs enseignants et éducatifs) au regard des besoins et des enjeux multiples rappelés ci-dessus, et ce, au travers d’une allocation spécifique du ministère si une démarche conventionnelle est engagée de part et d’autre.
Je suis attentive à ce qui fait la qualité de services publics au quotidien pour nos concitoyens en milieu rural ou urbain. Je suis persuadée qu’une organisation capable d’apporter une qualité dans l’enseignement et l’éducation doit être privilégiée. Il faut de la concertation. Il faut des moyens adaptés. Il faut aussi préparer l’avenir pour ne pas être surpris le moment venu.


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Mon courrier au directeur des services départementaux de l’Education Nationale

Monsieur le Directeur,
Je me permets d’attirer votre attention, sur les nombreuses interrogations qu’a fait naître la publication d’un document dans la presse il y a quelques semaines relatif à un projet de recomposition des écoles primaires en SARTHE.
Ce document de travail faisait état d’un projet de regroupement de petites écoles dans les communes rurales (comprenant moins de quatre classes ?) et de restructuration des regroupements pédagogiques intercommunaux (RPI). 128 écoles sur 405 écoles du département seraient ainsi visées.
Sauf erreur de ma part, le Président du Conseil départemental et des associations de maires en auraient été destinataires et auraient été consultés.
Je suis étonnée de n’avoir, à aucun moment, été destinataire d’une information ou associée en amont à des travaux.

S’il existe une « question » démographique dans notre département, (à horizon de 2 à 3 ans le nombre d’élèves de primaire diminuerait de plus de 1000 élèves), comparé à d’autres départements et territoires urbains qui gagnent plusieurs centaines voire milliers d’élèves à chaque rentrée, l’approche administrative envisagée pose de nombreuses questions.
D’une part, toute évolution suppose un diagnostic partagé et une volonté commune de faire évoluer le réseau des écoles en vue de proposer une offre pédagogique et éducative adaptée et de qualité, en tenant compte de facteurs tels que l’existence de bassins de vie, l’enclavement du territoire, les temps de transports acceptables.
D’autre part, il ne peut s’agir d’imposer le modèle urbain d’organisation scolaire en zone rurale, mais de construire une école rurale attractive, qui s’émancipe de la menace récurrente des effets comptables résultant de la démographie.
Enfin la question de la réussite scolaire dans sa dimension territoriale (actualisation des zones fragiles qui existent ; prise en compte des évaluations qui avaient mis en évidence des écarts négatifs entre les résultats locaux et nationaux, les résultats des élèves sarthois restant en-deçà de ceux constatés au plan national et les différences se creusant entre les meilleurs et les plus faibles) est, elle-même, posée.
Un récent rapport parlementaire notait que la démarche des conventions de ruralité (définissant entre autres les conditions de mise en œuvre d’un schéma territorial pluriannuel d’évolution de l’organisation scolaire dans le 1er degré), à conclure entre les associations de maires, les départements qui s’engageaient et l’Etat devait « accorder du temps et de la visibilité aux élus locaux, autorités académiques et acteurs de la communauté éducative associés pour créer les conditions d’un travail pluriannuel de réorganisation du tissu scolaire serein, dissocié de l’exercice annuel de la carte scolaire ».
Par ailleurs, le maintien voire l’adaptation des effectifs enseignants et éducatifs au regard des besoins et enjeux multiples rappelés ci-dessus doit être un objectif et pouvoir bénéficier au travers d’une allocation spécifique du ministère, de moyens nouveaux si besoin est lorsqu’une démarche conventionnelle est engagée.
Sur tous ces points, je souhaite pouvoir recueillir vos observations et suggestions.
Je souhaite ainsi qu’il soit possible à l’Etat, de réfléchir en relation avec tous élus aux solutions adaptées, équitables et efficaces qui permettront de faire face aux évolutions structurelles.
Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur, à l’assurance de mes salutations les meilleures.

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