« Un colloque au Mans pour parler droit, « Chansons, Modes et Costumes » et l’occasion d’évoquer la place du Slam dans la Cité » par Marietta KARAMANLI

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Le 3 avril dernier, j’ai eu l’honneur et le plaisir de participer au colloque « Chansons & Costumes juridiques » organisé au Mans et de témoigner lors de la deuxième table ronde consacrée à « des Droit(s) & Idées politiques » dans la chanson française sous la présidence de Francesca Solleville.
Le thème de mon intervention était consacrée à « Du slam dans la Cité ! », et ce, aux côtés d’un artiste originaire du Mans le Slameur Saint-Michel.
Sans qu’il soit, ici, possible de revenir sur la diversité et la richesse des interventions, la qualité et la pertinence des analyses faites, il convient d’indiquer que ce colloque est la partie scientifique des « 24 heures du Droit du Mans », organisé à l’initiative de Monsieur le Professeur Mathieu TOUZEL-DIVINAT, agrégé des Facultés de Droit et de nombreux enseignants chercheurs du Mans et d’autres Facultés et de leurs étudiants.
Mon intervention développait trois points :
Le Slam est une construction artistique et sociale.
Le Slam diffuse des valeurs et des normes.
Le Slam est un exemple de « rippling », je reviendrai sur la signification donnée à ce mot anglais.
J’ai çà cette occasion pu préciser les conditions dans lesquelles je suis venue à m’intéresser au SLAM au Mans comme Maire-Adjointe à la Jeunesse et comment celui-ci peut permettre à des jeunes de s’exprimer, de créer et de maîtriser par les mots une partie de leur vie !

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Le Slam dans la Cité
Mesdames et Messieurs Les Professeurs, et enseignants-chercheurs
Monsieur L’Avocat Général,
Mesdames, Messieurs Les Artistes,
Mesdames et Messieurs,

Tout d’abord je souhaite remercier les organisateurs de cette rencontre pour l’originalité des sujets qui nous sont donnés à exposer et entendre.
Je suis évidemment heureuse d’être aux côtés de Saint-Michel, avec lequel j’ai pu travailler et que j’apprécie beaucoup.
Mon propos sera bref et centré autour de trois idées.
Le Slam est une construction artistique et sociale.
Le Slam diffuse des valeurs et des normes.
Le Slam est un exemple de rippling, je reviendrai sur la signification donnée à ce mot anglais.

Le Slam est une construction artistique et sociale

Si les dates diffèrent, et comment ne pourrait-il en être autrement s’agissant d’une construction à plusieurs, les spécialistes s’accordent pour considérer que le Slam est né dans les années 80 aux Etats-Unis.
Le mot lui-même signifie « Claquer » en anglais.
On évoque aussi le mot de « Chelem » ou tournoi.
Il identifie une poésie orale, populaire, fondée sur le rythme des mots et de la musique qu’ils créent.
Il est au croisement d’une part, de la littérature contestataire américaine des années 70, époque où on contestait la société de consommation et l’autorité pour l’autorité, où on rêvait d’une mondialisation douce et égalitaire, autrement dit un autre temps…et d’autre part, de performances vocales d’artistes parlant ou chantant sur un rythme ou un battement et existant notamment dans les communautés afro-américaines.
Ce n’est pas la performance (la concurrence d’un tournoi) qui est le moteur du Slam mais la parole prise par chacun et l’acte de création poétique fait alors par celui qui devient un artiste à part entière.
Ce qui est intéressant c’est que cette chanson est faite « pour chacun » et je dirai « partout ».

Le SLAM diffuse des valeurs et des normes

Fondé sur une pratique de l’égalité de la prise de parole et des mots, il a pour objet de parler aux autres, de dire aussi bien ses peines, ses difficultés de vie, ses espoirs, sa révolte et ses joies…il a aussi pour objet de retenir l’attention des autres…il s’inscrit dans un effort de création et d’attention.
Il est à ce titre moins statique que la diction de poèmes existants et énoncés selon un rythme, disons, plus convenu.
S’il est par définition une parole démocratique et égalitaire, fondée sur le respect des émotions de chacun, l’expression dans un même temps et un même lieu se fait la plupart du temps selon des règles précises…inscription préalable, lectures au choix mais avec l’ambition de capter l’auditoire…
En cela il ressemble à la démocratie organisée des assemblées politiques…
S’il y a un slameur qui convainc plus, tous ceux qui ont slamé sont des participants magnifiques ou méritants.
Petite confidence…on ne peut en dire de même de tous les auditeurs dans les assemblées que je fréquente.
J’en viens maintenant à « pourquoi du Slam en Ville et, ici, au Mans ? » c’est ce que je nomme

Le Slam un exemple de « rippling » ou d’entraînement

J’emprunte ce mot à Irvin YALOM, célèbre auteur de romans mêlant psychanalyse et philosophie, et professeur de psychiatrie.
Le rippling est ce qu’on appelle aussi l’effet de rayonnement.
Il se réfère à la capacité de chacun de nous de produire des cercles d’influence concentrique qui peuvent affecter les autres.
Considérant

 que dans une cité chaque jeune est un créateur, une force de création positive,

 que les mots font lui permettre de créer des liens nouveaux, de faire de sa situation un « point de départ », de maîtriser par les mots une part de sa vie et de transmettre et laisser aux autres un trait de caractère, un avis, un acte de vertu…
, le Slam m’est apparu alors comme un vecteur de diffusion de la création de chacun et de sa reconnaissance pour tous…
Alors comme va l’expliquer Saint-Michel il était normal qu’adjointe à la jeunesse, et à ce titre en charge, et je le revendique ici, des pratiques artistiques des jeunes, domaine parfois vu comme devant être inclus dans les délégations culture mais non in fine trop souvent considérées comme subalternes,
…je me suis intéressée à la façon de concilier création et rayonnement des jeunes en favorisant cette pratique artistique, durable et hautement recommandable.

Je dois le dire ce mode d’expression libre me semble pas encore peu reconnu et donc susceptible d’être abandonné par des élus peu sensibles à sa diffusion et je le regrette.
Au Mans et ailleurs
Je reste une amie des slameurs !
Ici, je vais laisser la parole à Saint-Michel qui, mieux que quiconque, va exprimer avec imagination et intelligence « sa » chanson.
Merci de votre attention
Marietta KARAMANLI