« Des priorités pour l’agriculture, faire  respecter au plan européen les normes sociales et environnementales, mieux partager la valeur produite, lutter contre l’accaparement des terres, réussir la transition écologique en misant entre autres sur la recherche » par Marietta KARAMANLI

J’ai donné récemment comme les autres députés sarthois mes premières priorités pour l’agriculture sarthois. C’est le journal Agri72 hebdomadaire de presse professionnelle agricole, diffusant quasiment exclusivement sur le territoire sarthois auprès des agriculteurs qui m’a interrogé. Voici le texte ayant servi de base à l’entretien et la présentation par le journal des réponses.

Quelles seront vos 2 ou 3 priorités pour l’agriculture et les agriculteurs.

Avec un budget déjà fixé d’environ 387 milliards d’euros pour sept ans, la PAC est le premier poste budgétaire de l’UE. L’objectif étant que les exploitations agricoles reçoivent des fonds supplémentaires si elles vont au-delà des normes de base en matière de climat et d’environnement.

I Le respect des normes sociales et environnementales

1 Il y a d’abord une priorité faire respecter les normes de production sociales et environnementales européennes à l’égard de tous les produits…pas seulement les produits importés hors de l’Union mais ceux venant aussi de l’Union : une émission récente «  24 heures en Italie » sur Artté ( je crois) mettait en évidence ces campements où sont parqués des migrants qui travaillent nos voisins à la culture des tomates hors application des normes sociales…

II Un effort mieux partagé sur les prix

Il est aussi indispensable que la grande distribution, la transformation, et toute la restauration commerciale hors domicile utilisent au maximum et mettent en valeur au mieux l’origine française des produits qu’ils vendent ou servent.

Je pense que la loi de modernisation de l’économie de 2008 aurait dû être modifiée plus profondément. L’effort sur les prix à la vente est inégalement partagée entre distributeurs et fournisseurs, compte tenu du rapport de force défavorable pour les fournisseurs.  Cinq centrales d’achat gèrent peut-être près de 90 % des achats de la grande distribution…et s’approvisionnent, directement ou non, auprès des exploitations agricoles, qu’elles contraignent fortement.

La loi dite « Agriculture et Alimentation » n’a pas vraiment modifié les choses.  Je l’ai écrit en 2018 et le maintiens en 2022.

Avec les dispositions votées par la majorité ni sortante ni les interprofessions ni l’observatoire des prix et des marges, un organisme indépendant, ne peuvent énoncer d’indicateurs s’imposant à tous ; ils ne font que des recommandations.

Je reste donc favorable à la fixation de prix minimum garantis et à des contrats tripartites, où l’agroalimentaire serait contrainte de travailler sur la base du coût de revient des agriculteurs.

III L’enjeu des terres

Parallèlement, sur l’ensemble du pays des tensions se font jour sur le marché des terres liées à des achats de natures différentes :

             spéculations,

             terres dédiées à des activités d’énergies alternatives,

             fonds d’investissement rendant difficile l’accès aux terres sauf recours à un endettement important.

Récemment, le législateur a entendu lutter contre une forme d’accaparement des terres agricoles par la cession des parts de sociétés, via un nouveau mécanisme de contrôle initié par les sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER), mais la question du grignotage des terres reste posée.

Je reste favorable à une grand loi sur le foncier agricole.

IV la volonté d’accompagner et de réussir la transition écologique

On trouve des résidus de produits phytosanitaires dans plus de 90 % des cours d’eau.

Le fait est que les plans ont des objectifs très ambitieux mais des moyens limités.

Je suis favorable à

1.           un système de gestion collective des objectifs environnementaux, comme on le développe pour l’eau, au niveau d’un bassin ;

2.           comme mentionné plus haut, je souhaite une meilleure harmonisation européenne à l’égard des pays tiers et au sein de l’Union ;

3.           je milite pour plus de moyens sur la recherche / innovation : « on trouve là où on cherche » ;

4.           je note qu’une utilisation plus raisonnable et adaptée des pesticides  est possible.

Ainsi,  l’utilisation de bio-pesticides, l’étude des besoins et un meilleur management des parasites, sont autant de solutions possibles à la demande de productivité.

Le diagnostic précoce de maladies des plantes constitue d’ores et déjà une aide précieuse pour le contrôle et pour la protection des cultures ;

5.           il faut une mobilisation de l’ensemble des acteurs ; industriels et aussi consommateurs dont les goûts et préférences sont aussi normalisés (apparences) … Tout cela nécessite à la fois une volonté dans le temps, des moyens adaptés et une concertation durable avec des objectifs dans le temps discutés, mesurés et évalués