Marietta KARAMANLI aux journées d’été des Ecologistes (EELV) « Ce que nous apprend la crise grecque et les perspectives que nous devons donner à l’Europe »

UNIEELV2012-0824.jpg

Le 24 août avant de rejoindre la Rochelle pour l’université du PS, j’ai participé à un atelier des journées d’été des Ecologistes organisées par Europe Ecologie – Les Verts dédié à l’ « Europe : Leçons de la crise grecque pour les sociétés européennes ».
L’introduction en était, selon les organisateurs, qu » Au-delà des erreurs réelles accumulées par la société grecque depuis plus de 40 ans, nous devons prendre conscience que la crise de la dette souveraine en Grèce est une faillite collective : aveuglement complice des institutions européennes, négligences intéressées des grands États et corruption ordinaire. »
L’animation en était réalisée par Evangelia Ralli et les participants en étaient Dany Cohn-Bendit, eurodéputé EELV, Co-président de groupe EELV, Dimitra Lymperopoulou et Panagiotis Logginidis du Parti écologiste vert grec et moi-même. Dany Cohn-Bendit avait dû en fait quitter les journées la veille.
Comme je l’ai indiqué, j’étais heureuse de pouvoir présenter mon analyse de la crise grecque et les leçons que peuvent et devraient en tirer les autres Etats.
Après avoir rappelé les particularités de l’Etat Grec (un Etat récent, créé à la demande puissances extérieures ; un Etat dépendant économiquement de l’extérieur ; un Etat dominé pendant longtemps par le clientélisme, facteur originellement d’intégration mais qui est aujourd’hui inutile et coûteux), j’ai indiqué que la crise avait révélé ces difficultés et les avait amplifiées. La nécessité d’emprunter sur des marchés financiers, sans possibilité de dévaluation, marchés qui font payer cher le risque d’insolvabilité, a généré une crise sans précédent. A la dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour la Grèce, il faut aussi ajouter l’évasion et la fraude fiscales.
Aujourd’hui la Grèce en est à son troisième plan d’aide en contrepartie d’un enième plan d’austérité
Le pays n’est plus seulement en récession, il est en dépression.
Le PIB a chuté de près de 16 %.
21 % de la population active est au chômage.
Le salaire minimal a été diminué de 20 % et celui des moins de 25 ans de 32%.
Les mesures demandées par l’Union et mises en oeuvre visent une majorité de citoyens parmi les plus modestes et les plus jeunes.
A cette politique, je vois deux raisons.
Il y a une facilité à taxer les revenus du travail et des retraites que l’on connaît alors que par définition ce qui appartient à l’économie parallèle n’est pas connue, et ce, pour avoir des résultats tangibles alors même que les réformes structurelles sont longues€¦il s’agit de donner des gages !
Il y a une facilité à taxer les petits salariés nombreux qui sont autant de petits ruisseaux pouvant faire une rivière correcte alors même que les contribuables les plus riches ont les moyens de s’organiser pour idéologiquement ou matériellement s’opposer à l’impôt.
Je pense aux armateurs, aux professions libérales ou encore à l’Eglise, elle aussi, absente.
A une politique restrictive fait pendant une révision de la croissance vue alors à la baisse d’où les créanciers et les marchés tirent la conséquence qu’il faut mettre en Å“uvre de nouvelles mesures restrictives.
Il faut à l’inverse retrouver des marges de progrès.
Au niveau de la zone ‚¬, il faut accepter qu’il ait un peu d’inflation à certains endroits pour que les Etats faibles de la zone ‚¬ puissent exporter aussi vers les Etats forts de cette même zone. C’est l’intérêt même de ces pays
Il faut aussi accepter de passer des compromis et retrouver de la croissance en distinguant le déficit structurel et le déficit conjoncturel
La sortie de la crise nécessite de la confiance et du temps.
En Grèce l’idée d’un Etat au service des besoins des citoyens et non des groupes doit progresser et celle d’un Etat de taille modeste mais performant et renforçant l’égalité devant l’impôt doivent progresser et s’imposer.
A la suite des différentes interventions, plusieurs questions m’ont été posées : vote ou non du traité à venir ; perspective de l’Union et de la zone ‚¬.
En réponse, j’ai fait valoir que le traité n’est qu’un élément et que la sortie de la zone générerait, en l’état, encore plus de difficultés qu’un maintien dont les conditions doivent, il est vrai, évoluer.


Marietta KARAMANLI aux cotés des autres intervenants

UNIEELV2012-0824.jpg

UNIEELV2012-0824-3.jpg

L’intitulé de l’atelier

EUROPE €“ Leçons de la crise grecque pour les sociétés européennes
Au-delà des erreurs réelles accumulées par la société grecque depuis plus de 40 ans, nous devons prendre conscience que la crise de la dette souveraine en Grèce est une faillite collective : aveuglement complice des institutions européennes, négligences intéressées des grands États et corruption ordinaire.
Animation : Evangelia Ralli. Avec : Dany Cohn-Bendit, eurodéputé EELV, Co-président de groupe ; Marietta Karamanli, députée PS ; et Dimitra Lymperopoulou et Panagiotis Logginidis du Parti écologiste vert grec.

Le texte de mon intervention

Mesdames, Messieurs les organisateurs, Cher(e)s Ami(e)s,
Tout d’abord je souhaite vous remercier de cette invitation à venir débattre de la crise grecque.
J’y suis sensible à plusieurs titres.
Grecque d’origine, députée française engagée sur les affaires européennes, auteure d’une thèse soutenue il y a plus de dix ans sur le thème de l’Etat et de la société grecque, (j’y traitais de ce qui persistait politiquement et socialement depuis la création de l’Etat et aussi de ce qui changeait) je suis persuadée que ce qui se passe en Grèce est à la fois une contrainte dramatique dans la vie quotidienne de nombreux grecs mais aussi une leçon dont nous pourrons tirer des bénéfices si nous savons gagner du pouvoir collectivement en Europe.
Mon propos introductif sera centré sur trois idées.
Qu’est-ce qui caractérise la GRECE en 2012 ?
Qu’est ce qui s’est passé en 2009 et depuis ?
Qu’est-ce qu’il faut faire maintenant et dans les temps à venir ?
Autrement dit pour paraphraser Woody Allen : « D’où vient la Grèce? » « Où va-t-elle ? » et « Qui fait la vaisselle ? »
Quand j’évoque des caractéristiques grecques, je pense aux éléments qui en font une entité propre dans un environnement qui, lui, est commun à tous les Etats européens et dont les règles générales (à cet environnement) déterminent une part croissante des politiques nationales.

I D’où vient la GRECE ?

Il faut avoir à l’esprit plusieurs éléments.

 Elle est un Etat récent et un « Etat importé» ; l’indépendance proclamée en 1831 fut en effet une indépendance conditionnée : ce sont les grandes puissances européennes qui obtinrent, par la force, de l’Empire ottoman la reconnaissance de l’autonomie grecque.

 Ses limites territoriales ont été fixées tardivement générant pendant longtemps un complexe national ; pour faire simple à l’origine, l’Etat grec était essentiellement péninsulaire et était en quelque sorte désaxé par rapport à ce qui toujours été jusqu’ici sa représentation « idéale » à savoir l’archipel égéen. Il y eut l’idéologie de « La GRECE des 5 Mers et deux continents. Il fallait en quelque sorte dans la conscience collective recouvrer les forces humaines et économiques grecques dispersées autour de la mer EGEE ; cette idéologie n’est pas encore sans conséquence sur la place actuelle de l’armée et des dépenses militaires !

 C’est un Etat qui a été dépendant politiquement de l’extérieur pendant longtemps.

 C’est aussi une société qui s’est accommodée de ce qu’on appelle le clientélisme, celui-ci se révélant à certains égards intégrateur de la participation des citoyens et étant aussi un mécanisme « redistributeur »; Classiquement, le clientélisme est défini comme l’ensemble de relations entre €œ patrons € et €œ clients € dans lesquelles les patrons jouissant d’un haut statut social, de richesses et d’influence dispensent une protection et un patronage sous la forme d’accès à l’Etat, d’avantages matériels, d’emplois ou de prestige à leurs clients en contrepartie du soutien politique que ceux-ci leur apportent.

 C’est encore un pays dépendant économiquement de l’extérieur ; pour faire simple ce que le reste du monde possède en Grèce (entreprises, immobilier, actifs financiers) est depuis des décennies supérieur à ce que les Grecs possèdent dans le reste du monde. A cela il y a une conséquence : le revenu national dont les Grecs disposent pour consommer et épargner a toujours été inférieur à leur production intérieure (une fois déduits les intérêts et dividendes versés au reste du monde).

 C’est un Etat dont la mal-administration est une réalité ; ses caractéristiques sont notamment la confusion des missions, la multiplication des moyens, l’absence de contrôle et la dépendance politique.

 C’est un pays dont les dirigeants politiques ont depuis 20 ans un discours de réformes et une pratique de modération des réformes qu’ils jugent pourtant au moins formellement indispensables. Je considère que les dysfonctionnements vont aussi au-delà des reproductions de comportements dans le temps et sont la conséquence de décisions politiques. Celles-ci ont eu tendance à renforcer plus qu’à infléchir l’existant et elles n’ont lié que rarement la méthode à l’objet qu’elles prétendaient poursuivre.
€ƒ

II Que s’est-il passé en 2009 et depuis ?

Il y a trois éléments à souligner.
1) La chute dans un trou qui devient un gouffre,
2) L’absence de réactivité de l’Union européenne (UE) dans un long premier temps,
3) les mesures demandées par l’UE et mises en Å“uvre par les gouvernements grecs (PS puis de droite avec une coalition).
Si je voulais dire de façon imagée ce qui s’est passé je pourrais que dire la Grèce est tombée dans un « trou » et que ce trou est devenu un gouffre, sa chute est presque, elle, devenue sans fin.
1) Le trou et la chute : revenons à 2009.
A l’approche d’une d’élection et dans un système clientéliste, les dépenses publiques et sociales augmentent.
C’est ce qui s’est passé en 2007 et en 2009 années d’élections législatives.
Alors qu’en 2006 l’augmentation avait été de 0,3 % en 2006, elle fut de 0,9 % en 2007.
En 2009 elle fut de 1,7% !
Cette fois cela n’a pas été sans conséquences.
A peine élu le gouvernement Papandréou a annoncé que les ressources n’avaient pas été prévues pour couvrir cette augmentation des charges et la situation s’est si j’ose dire « emballée ».
La situation de la GRECE était et reste que l’Etat dépense plus qu’il ne collecte de recettes fiscales.
A la dépendance vis-à-vis de l’extérieur, il faut en effet ajouter l’évasion et la fraude fiscales.
Je donnerai deux chiffres :

  Il existe une para-économie estimée à 52 Mds ‚¬(en 2011) sur laquelle ne pèsent ni impôts ni charges sociales,

  L’évasion fiscale liée à celle-ci représenterait entre 18 et 20 Mds ‚¬ par an.

L’Etat grec doit donc emprunter la différence.
Pour ce faire il émet des obligations qui représentent des engagements à payer .
Ceux qui vendent les obligations pour le compte de l’Etat sont des banques d’affaires qui facturent leur service et dont les conseils sont déterminés par leurs propres intérêts !
L’idée est simple : si un pays se soumet à une discipline budgétaire, les taux d’intérêt redeviendront supportables et l’accès à un crédit moins cher sera alors possible.
L’effet paradoxal est que les dettes viennent à échéance avant les réformes ce qui renforce encore la demande des marchés de mesures plus dures vis-à-vis des Etats.
De plus avec l’‚¬, les pays de la zone ont perdu la capacité de dévaluer leur monnaie pour regagner des marges vers l’extérieur.
Vous l’avez compris il s’est mis en place un engrenage « morbide » ou « pathologique ».
Très rapidement la dette a enflé : de fin 2009 à fin 2011 la seule dette de l’Etat a gonflé de plus de 70 Mds ‚¬ sans que rien ne se soit passé sauf l’effet des marchés.
En avril 2012 la dette de la GRECE représentait 165 % de son PIB loin des 60 % ! (pour la France c’est presque 86 % et l’Allemagne 81,2% ).
Dans ces conditions la crise financière a mis à jour les insuffisances de l’Etat et de la société grecques.
Elle les a amplifiées au point de les rendre insupportables non seulement pour les grecs mais aussi une partie des Etats de la zone Euro qui estiment ne pas devoir garantir les dettes des autres Etats.
A l’évidence il y a eu et il y a une impossibilité pour la GRECE de gérer seule sa dette.
Cette nécessaire solidarité a été confirmée aujourd’hui par les crises italienne ou espagnole.
Mais c’est là où l’Union européenne et quand je dis l’Union, ce sont les chefs d’Etat, ceux notamment des principaux pays et les institutions européennes ont mis du temps à réagir.
2) L’insuffisance de réactivité de l’Union européenne
La situation de la GRECE ne serait probablement pas la même aujourd’hui si les institutions et une majorité de gouvernements n’avaient pas tergivers逦
Il y a eu et il y a un double défi.
Le premier défi a été et est mettre en place des instruments qui garantissent une gestion, disons, partagée des dettes et protège de la spéculation.
Je rappellerai qu’il a fallu près d’un an et demi pour que l’on considère qu’il faille instituer le MES à la suite du Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF), instrument d’urgence conçu pour une durée temporaire !
S’est posée la question du rôle de la Banque Centrale Européenne.
Elle a fait de la résistance en vue racheter les obligations des Etats membres endettés, contrairement à ce qu’a fait la Réserve Fédérale américaine (ou FED).
Je pense qu’il y a eu un fort préjugé de sa part à l’égard des Etats endettés la poussant à s’assurer que tout pays qui a « trop emprunté » paie le prix fort pour le faire.
Je remarque que la crise n’a pas été causée par les pays de la zone ‚¬ les plus faibles qui auraient trop emprunté, puisque tous les pays, sauf cas de la Grèce, avaient vu leur dette publique par rapport au PIB baisser jusqu’à la récession mondiale.
Plusieurs économistes estiment d’ailleurs que la dette de la Grèce aurait été « gérable » si la Troïka avait répondu différemment au premier trimestre de 2010.
Aujourd’hui, et ce sont des chiffres édifiants (fin 2011) pour un 1 ‚¬ prêté à la Grèce, 19 centimes vont à l’Etat grec, 40 centimes reviennent aux banques étrangères, 23 centimes aux banques grecques et 18 centimes à la BCE€¦
Progressivement la BCE a changé de politique sans, il est vrai, en expliciter clairement les modalités.
Malgré cela aujourd’hui encore les marchés parient sur l’éclatement de la zone ‚¬.
Le second défi est de donner des garanties pour que les Etats et les institutions financières gèrent prudemment l’argent prêté .
Plusieurs Etats, dont l’Allemagne, ont accepté en contrepartie d’une surveillance budgétaire au sein de la zone euro et la réalisation de la transposition de la fameuses « règle d’or » .
Cela renvoie au projet le Traité relatif à la stabilité, la croissance et la convergence (TSCG) dont l’accord de principe est intervenu le 30 janvier 2012. Celui-ci conditionne l’octroi de l’assistance financière du MES à la ratification préalable du Traité international durcissant la surveillance budgétaire au sein de la zone euro.
3) Les mesures prises par les gouvernements grecs
Aujourd’hui la GRECE en est à son troisième plan d’aide en contrepartie d’un enième plan d’austérité
Le pays n’est plus seulement en récession il est en dépression c €˜est à dire qu’il connaît une diminution importante et durable de la production et de la consommation.
Avant même les nouvelles mesures qui s’annoncent, le PIB a chuté de près de 16 %.
21 % de la population active est au chômage.
Le salaire minimal a été diminué de 20 % et celui des moins de 25 ans de 32%.
Les mesures demandées par l’Union et mises en oeuvre visent une majorité de citoyens parmi les plus modestes et les plus jeunes.
A cela je vois deux raisons.
Il y a une facilité à taxer les revenus du travail et des retraites que l’on connaît alors que par définition ce qui appartient à l’économie parallèle n’est pas connue, et ce, pour avoir des résultats tangibles alors même que les réformes structurelles sont longues€¦il s’agit de donner des gages !
Il y a une facilité à taxer les petits salariés nombreux qui sont autant de petits ruisseaux pouvant faire une rivière correcte alors même que les contribuables les plus riches ont les moyens de s’organiser pour idéologiquement ou matériellement s’opposer à l’impôt. Je pense aux armateurs, aux professions libérales ou encore à l’Eglise, elle aussi, absente.
De cette situation il résulte une situation injuste et inefficace.
Injuste : cette situation creuse les inégalités.
Inefficace : les mesures décidées dans le but d’assainir la situation des économies européennes n’ont guère de pertinence sur le plan macro-économique, puisqu’on gèle une nouvelle fois des dépenses publiques et qu’on augmente les impôts en période de ralentissement économique.
Comme tous les pays de la zone font pareil, cela entraîne la zone dans une spirale dépressive.
A une politique restrictive fait pendant une révision de la croissance vue alors à la baisse d’où l’on tire la conséquence qu’il faut mettre en Å“uvre de nouvelles mesures restrictives.
Il faut donc retrouver des marges de progrès.
La question est comment mais aussi pourquoi.

III Que faut-il faire et surtout pour quoi on veut le faire?

Cette dernière partie répond à mon interrogation « Qui fait la vaisselle ? »
Avant de voir ce qui est possible, je voudrais revenir sur le pour quoi il est nécessaire de progresser.
1) Redonner du sens à l’Europe
On parle trop souvent d’outils sans évoquer les raisons et les objectifs de l’action.
Si on croit en l’Europe et que l’on veut mieux vivre en Europe, il faut lui redonner du sens.
Elle ne doit pas être centrée sur la maîtrise de l’inflation et sur une politique d’austérité sauf à lui faire courir le risque que les pays sous contraintes choisissent de se redonner une marge par eux-mêmes notamment pour l’emploi.
Il faut lui (re)donner un sens et des priorités, je pense notamment à l’emploi et à la transition énergétique et climatique.
Les gens font la distinction entre :

  le redressement pour lutter contre l’endettement non maîtrisé dont les plus modestes paient le prix puisque par l’impôt ils financent l’emprunt et les intérêts payés aux marchés€¦ce qui est une redistribution à l’envers,

  la nécessaire croissance qui permet de créer des richesses durables, de les distribuer de façon équitable et prépare l’avenir.
La demande est forte d’une Europe qui protège davantage

  l’environnement et l’avenir (chez les jeunes),

  les consommateurs (dans la population en général),

  les entreprises et l’emploi (chez les salariés).
2) Il faut traduire cette volonté par des institutions mais surtout par des politiques publiques cohérentes
On parle beaucoup de traités.
Je voudrais plutôt évoquer les politiques publiques.
Nos politiques publiques doivent être dans ces domaines massives.
A bien y regarder, elles sont liées entre elles.
Il appartient aux gouvernements de proposer des programmes d’actions massifs dans ces secteurs et que l’action des instances soient jugée sur des résultats tangibles.
Faire l’Europe c’est dessiner une stratégie et des perspectives :

  la croissance et transition énergétique,

  plus de débats et de décisions prises de façon transparente et mieux articulées entre elles,

  plus d’actions concrètes qui donnent de l’espoir dans la vie quotidienne.
3 Apporter des réponses durables à la question de l’endettement des Etats les plus fragiles
Concernant la Grèce je rappellerai que l’Allemagne a soutenu l’adhésion de la GRECE et son entrée dans la zone ‚¬. Il serait et est donc logique qu’elle soutienne son désendettement et son maintien.
La question est néanmoins plus large.
L’Allemagne a choisi depuis plusieurs années de renforcer sa compétitivité par une baisse des salaires.
Ce choix est probablement peu ou pas collaboratif au regard du décrochage d’autres Etats de la zone ‚¬ qui ont bénéficié, il est vrai, auparavant de l’Europe et de l’‚¬.
Il faut accepter qu’il ait un peu d’inflation à certains endroits pour que les Etats faibles de la zone ‚¬ puissent exporter aussi vers les Etats forts de cette même zone. C’est l’intérêt même de ces pays
Il faut aussi accepter de passer des compromis.
A ce titre je pense que l’élection d’un nouveau Président en France et donc le vote des Français à répétition en faveur d’autres initiatives a aussi déverrouillé la situation
L’équilibre de positions entre les deux plus grands Etats de l’euro-zone qui a succédé à des messages de velléité puis à un alignement total a conduit à redonner aux autres pays et gouvernements une marge de revendication et d’influence guidée non par leurs propres options économiques mais par leurs intérêts objectifs d’Etat au regard de leurs dettes souveraines.
Ce c’est qu’avait annoncé l’économiste et prix Nobel Paul KRUGMAN dans une de ses chroniques. Selon lui, je cite « si la ligne défendue par les conservateurs en Europe n’a plus le soutien indéfectible la Présidence de la République française comme ce fut le cas ces deux dernières années cela signifie que l’euro et le projet européen ont désormais de meilleures chances de survie. »
Quant à la Grèce, il faut que progressent

  L’idée d’un Etat au service des besoins des citoyens et non des groupes ;

  L’abandon du mythe du « petit pays » ; €œ les Grecs dans les deux derniers siècles de l’histoire moderne ont grandi avec l’idée que la petite taille de leur pays le plaçait dans une position inférieure. De là, un petit pays ne pouvait pas être dominant même dans ses domaines d’excellence €.
Aujourd’hui les choses changent : reprenant les arguments développés par des économistes, les politiques en viennent à considérer qu’un petit pays a l’avantage de la solidarité et de la souplesse dans sa politique, économique, extérieure et de défense.
C’est là une responsabilité essentielle des partis et organisations politiques.
Je vous remercie de votre attention.