« Avenir industriel de la SARTHE ma question au Gouvernement sur ses intentions concernant l’entreprise Arjowigginss et ses deux unités de SAINT-MARS LA BRIÈRE et À BESSÉ-SUR-BRAYE ; ma demande d’une action qui ancre davantage les emplois dans les territoires » par Marietta KARAMANLI

 

 

 

 

 

Le 15 janvier 2019 j’ai interrogé (ma question s’adressait au 1er ministre) le Gouvernement sur la situation industrielle dans la Sarthe. Plus précisément ma question faisait référence à la situation du groupe Arjowiggins ( groupe papetier mis en redressement judiciaire) et à ses deux unités industrielles installées en SARTHE dont l’une à Saint-Mars la Brière et l’autre à Bessé-sur-Braye employant près de 900 salariés.

J’ai demandé ce que le Gouvernement entendait faire, comment il inscrivait son action dans les programmes industriels existants, comment il comptait apporter des réponses concrètes en vue de soutenir la reprise de l’activité jusqu’à ce qu’un repreneur soit trouvé.

La Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Economie a indiqué que l’Etat soutiendrait des offres crédibles et accompagnerait les salariés.

Aucune mise en perspective avec des actions concrètes n’a été annoncée. Comme la Gouvernement l’avait théorisé il privilégie l’orientation de la possibilité à tous de rebondir en influant sur les politiques d’emplois et l’offre de formation.

A titre personnel, je le regrette. Je pense que les collectivités publiques peuvent agir comme des architectes dans l’industrie du futur en réunissant les acteurs privés et publics pour dessiner des réseaux d’entreprises et valoriser des compétences.

Comme je n’ai pas eu le temps de le dire, l’Etat mais pas que peut ancrer (et non seulement localiser des emplois industriels) soit selon une logique de spécialisation (entreprises et collectivités s’organisent autour d’un secteur) soit selon une logique de spécification (utilisation des savoir-faire avec valorisation de leur redéploiement dans d’autres secteurs) dans notre département.

Le texte de ma question en séance publique et la réponse de la secrétaire d’Etate président. La parole est à Mme Marietta Karamanli.

Mme Marietta Karamanli. Ma question s’adresse au Premier ministre. Elle concerne la situation industrielle non seulement du département de la Sarthe mais de toute la France, qui connaît aujourd’hui plusieurs fermetures d’usine. Il y a quelques jours, la papeterie Arjowiggins a demandé et obtenu son placement en redressement judiciaire. Cette décision est intervenue après que le projet de reprise de la papeterie par un groupe irlandais a échoué.

Deux unités, l’une à Saint-Mars-la-Brière, l’autre à Bessé-sur-Braye, toutes deux dans la Sarthe, qui emploient au total plus de 900 salariés sans parler de tous les emplois indirects, sont menacées de fermeture définitive. Au-delà de ces deux unités, deux bassins de vie et d’économie, ainsi que d’autres entreprises locales qui travaillent avec ces unités industrielles, se trouvent directement menacés. L’objectif est, vous l’avez dit, de rechercher des solutions afin de poursuivre l’activité des divisions graphique et papiers de création d’Arjowiggins, et de maintenir l’emploi.

Mais l’absence d’une capacité d’investissement et l’existence d’une dette pour ces deux sites sont malheureusement de nature à conduire à un démembrement des activités et à faire disparaître le dernier groupe papetier français.

Pourtant, l’entreprise a des activités viables dans plusieurs domaines, la ouate cellulose, le papier recyclé, le papier de haute qualité, qui constituent des marchés porteurs.

Monsieur le Premier ministre, je souhaite connaître vos intentions et les réponses concrètes que l’État entend apporter en vue de soutenir la reprise de l’activité jusqu’à ce qu’un repreneur soit trouvé. Comment s’articule l’action gouvernementale dans ce dossier, en lien avec les priorités et les programmes industriels au plan national qui peuvent être déclinés localement ? Comment l’État entend-il créer des emplois industriels – et pas simplement aider à les localiser – selon une logique soit de spécialisation soit de valorisation ? Ce qui vaut pour ce département vaut pour tous.

Mais je voulais aussi vous interpeller sur un autre sujet. Il y a une heure, M. le Président de la République a dit : « les gens en situation de difficulté, on va les responsabiliser davantage, car il y en a qui font bien et d’autres qui déconnent. » Pensez-vous qu’avec des phrases de ce type, nous allons redonner confiance à la population et apaiser…

(Applaudissements sur les bancs du groupe SOC.)

Le président. La parole est à Mme la secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances.

Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’économie et des finances. Madame la députée, comme je viens de l’indiquer à votre collègue, l’État a accompagné le groupe Sequana depuis de nombreuses années aux fins de redresser l’entreprise. Nous sommes à nouveau aux côtés de l’entreprise, et aux côtés des collectivités locales ainsi que des salariés pour trouver de manière très concrète une solution de reprise pour chacun des sites dans les prochaines semaines.

Je tiens à préciser un point : il y a des sites papetiers en France, notamment dans les Landes, qui certes appartiennent à des groupes scandinaves mais qui fonctionnent, et sont compétitifs. Nous n’assisterions donc pas à la disparition des derniers savoir-faire papetiers dans notre pays si nous n’étions pas en situation de trouver une solution pour Arjowiggins.

Par ailleurs, la stratégie que nous menons en matière de restructuration, vous la connaissez : tout faire pour permettre à une offre crédible de reprise d’être proposée, menée à son terme et, si aucune offre ne se matérialise, tout faire pour accompagner personnellement chacun des salariés, comme nous l’avons fait par le passé.

Mais notre politique industrielle ne se limite pas aux entreprises en difficulté. Notre devoir est d’anticiper les mutations industrielles, de les accompagner et de développer aussi de nouveaux sites. Permettez-moi de rappeler que depuis deux ans, et cela s’est encore produit en 2018, nous avons ouvert plus de sites que nous n’en avons fermé. Nous avons créé plus d’emplois que nous n’en avons détruits dans l’industrie manufacturière.

Permettez-moi aussi de rappeler les investissements ou les extensions de l’entreprise Toyota dans les Hauts-de-France, de Daimler-Benz – pour 500 millions d’euros – à Hambach en Moselle, et d’AstraZeneca à Dunkerque, pour ne citer que ces exemples. Aujourd’hui, notre objectif pour l’industrie est d’affecter les compétences : dans l’industrie, 50 000 emplois non pourvus sont immédiatement disponibles. Nous devons mener un combat sur les compétences avec Muriel Pénicaud et Jean-Michel Blanquer, grâce à un investissement de 15 milliards qui constitue un effort inédit.

(Applaudissements sur plusieurs bancs du groupe LaREM.)

 

Source images : capture d'écran de la vidéo de la séance sur la site de l'Assemblée Nationale