« Mieux protéger au quotidien nos concitoyens : réagir rapidement ; dissuader par la présence des forces de police ; mieux coordonner les actions ; agir sur l’urbanisme ; prévenir et éduquer » par Marietta KARAMANLI

Le 19 décembre 2018, j’ai organisé une réunion -discussion sur le thème de « Comment mieux protéger au quotidien nos concitoyens ».

Au plan national je suis intervenue à plusieurs reprises sur les questions de sécurité et de dissuasion de la délinquance et des incivilités au quotidien.

Voir en ce sens mes questions sur les moyens de police au Mans et en Sarthe

Voir aussi mon intervention au moment de la discussion du projet de budget de l’Etat pour 2019.

Pour l’occasion et afin d’éclairer les enjeux et conditions de cette protection j’avais invité à mes côtés : des élus ; un avocat ; un policier et un chercheur spécialiste des politiques publiques de lutte contre la délinquance.

Les échanges riches ont permis de rappeler quelques évidences, de dégager des pistes de travail et des propositions encore général mais pouvant trouver des débouchés pratiques assez vite;

Sur les principaux constats

Ce qui ressort des travaux statistiques faits sur la mesure de l’efficacité des différents dispositifs pour réduire le niveau des comportements indésirables

– Les résultats statistiques doivent relativiser certaines menaces  et nous alerter sur d’autres :  a priori les décideurs publics ne sont pas impuissants face aux comportements indésirables puisqu’il existe des leviers efficaces – via les incitations (ce qui pousse les individus à agir, à penser de telle ou telle façon) positives (ex des conditions plus favorables) ou négatives ( ex coercitives) – pour les réduire (complémentarité entre incitations positives et négatives).

– La sévérité des sanctions n’est, en général, pas un levier très efficace pour réduire les comportements indésirables.

–  Il est possible d’augmenter la dissuasion sans forcément dépenser plus, en mettant en place des stratégies de redéploiement spécifique sur les zones les plus criminogènes.

– Il est montré aussi que le fait de favoriser de meilleures opportunités sur le marché du travail (bon niveau de salaire, faible niveau de chômage) participe de manière significative à la réduction des comportements indésirables.

– Lorsque l’on regarde les chiffres de la délinquance par habitant, on remarque que la Sarthe se positionne (notamment les délits concernant les vols) presque systématiquement en dessous de la moyenne nationale. Même si ce constat est établi toutes choses inégales par ailleurs concernant les caractéristiques propres à chaque territoire, ces chiffres donnent une première estimation plutôt encourageante le niveau de la difficulté posée au territoire.

Mobiliser tous les acteurs de façon coordonnée

Le représentant de la police se félicite que la parole soit donnée aux divers acteurs concernés et aux « policiers de base ».

Parmi les meilleurs moyens de dissuasion et donc de protection figure au premier chef la présence humaine et policière.

Selon le chercheur spécialiste des politiques publiques, cela qui va dans le sens des constats où la dissuasion la plus élémentaire s’appuie sur la peur pour celui qui commet une incivilité et un acte délinquant d’être empêché, pris, attrapé et mis face à ses responsabilités. La sanction ou du moins la perspective de celle-ci ne suffit pas toujours.

Il existe aussi un lien entre l’environnement, l’accès à certains biens et la diminution des inégalités et un niveau de délinquance limitée. (voir diaporama).

C’est de l’ordre du niveau plus large. Les zones connaissant moins de problèmes économiques et sociaux sont souvent plus sûres au sens où la délinquance de proximité y est plus faible

Par ailleurs le dialogue avec la population, la confiance dans les forces de police, la formation de celles-ci constituent des éléments clefs de dissuasion car générant une confluence des actions.

L’existence de mauvaises solutions et de solutions inefficaces résulte aussi de l’insuffisance de la coordination des actions et de la présence sur le terrain.

Les collectivités ont un rôle important en amont

Selon un élu les collectivités locales (de proximité) ont un rôle important. Elles ont des services (jeunesse ; tranquillité par exemple au Mans ) qui peuvent être mobilisés et avoir une action en amont en insistant sur le respect à avoir (à apprendre parfois) en lien avec les établissements scolaires (ex collèges) et dans le cadre des stages où les plus fragiles vis-à-vis d’eux-mêmes ou des autres sont accueillis.

La connaissance et le respect réciproque entre forces de sécurité et les jeunes sont importants. Les actions doivent aussi être transversales et viser un accompagnement de celles et ceux qui peuvent se sentir moins aidés (recherche de stages en 3ème ou insertion).

Il faut aussi veiller à lutter contre le désoeuvrement et l’entre-soi chez les plus jeunes.

L’urbanisme assurant la mixité et la nécessaire ouverture d’espaces habités ou fréquentés est une donnée importante

Pour un autre élu, en responsabilité au Mans, les moyens humains sont indispensables et les solutions purement techniques insatisfaisantes (ex la vidéo protection qui déplace souvent plus les problèmes   qu’elles ne les enrayent.

De plus les aménagements urbains qui facilitent la mobilité des personnes et des espaces publics et ouverts sont déterminants pour ne pas en faire des zones fermées ou cachées susceptibles de générer une délinquance localisée ou propices à celle-ci.

Ils assurent aussi une ouverture et mixité utiles.

Les moyens en réaction et suivi des personnes sont insuffisants

La présence aux bons endroits et aux bons moments des forces de sécurité et d’éducation est un atout.

De façon complémentaire l’absence de moyens de la justice pour suivre les personnes, les rappeler à la loi, les inciter à progresser sont insuffisants.

La réactivité est un élément important de dissuasion et d’accompagnement.

Au final s’il n’y pas de solution miracle, l’accent est mis sur une bonne coordination des forces de sécurité, bien formées, avec les autres acteurs, une connaissance et un respect partagés entre institutions et citoyens (la population), des moyens en éducation et en sécurité suffisants en nombre et réactifs en demande des populations.

Je reviendrai prochainement sur ces sujets avec quelques propositions qui ont montré leur efficacité là où elles sont appliquées.

Marietta KARAMANLI