« Médias en temps de crise (sanitaire) : faire prévaloir l’expertise collégiale, contradictoire et la transparence des méthodes ; faire connaître l’investissement des médias dans la qualité de l’information produite » par Marietta KARAMANLI

Le 24 janvier 2022 je suis intervenue devant l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe (où je représente l’Assemblée Nationale) sur un rapport relatif aux médias en temps de crise.

J’ai fait plusieurs suggestion complémentaires concernant les recommandations portées par le rapport et notamment le fait que les experts sollicités devaient privilégier leur savoir et non leur préférence ; cela renvoie à mes propositions pour garantir l’expertise à savoir la collégialité, le principe du contradictoire, la transparence des méthodes.

Par ailleurs les médias, eux-mêmes, doivent voir la façon dont ils sont gérés évoluer en donnant à voir la qualité des échanges entre journalistes et lecteurs / auditeurs ; ceux qui les possèdent et aussi l’investissement dans la qualité de l’information produite ( investigation ; parole donnée aux différentes parties ; transparence des méthodes aussi…), toutes choses qui montrent l’indépendance et le travail.

Ce sujet est important même si trop peu mis à jour.

Je suis engagée aux côtés de celles et ceux qui font progresser cette qualité de l’information.

Marietta KARAMANLI

1 La vidéo de mon intervention sur le site de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe 

2 Le texte de mon intervention

Madame la Présidente / Monsieur le Président,

Cher-e-s Collègues,

Je remercie notre collègue Mme Annicka ENGBLOM, rapporteure, pour ses constats et propositions sur ce sujet sensible « des médias en temps de crise ». Elle inscrit ses recommandations dans une triple perspective : informer les citoyens ; consolider leurs place et rôle comme espace de discussion ; participer à la diffusion d’un savoir commun fondé sur l’état des connaissances et de la science.

Je partage cette triple préoccupation.

Je ferai deux observations complémentaires, une relative à leurs place et leur rôle dans la présentation de l’expertise ; l’autre concernant leur modèle économique.

S’agissant de la contribution des médias à la diffusion des connaissances et de la qualité des informations

Au-delà du «fact checking », se pose la question de la place donnée à l’expertise publique ou privée.

En octobre dernier devant les instances de notre assemblée lors d’un échange sur la démocratie en temps de crise, j’ai eu l’occasion de souligner l’enjeu s’y attachant.

L’approche par le pouvoir politique des mesures à prendre tient à la qualité de données devant être soumises aux mêmes conditions de recueil, d’expertise et de commentaire.

Trop souvent le pouvoir scientifique et expert sollicité pour dire « son savoir », répond dans les médias de façon parfois presque inconsciente en disant « sa préférence ».

La méthode démocratique qu’empruntent nos sociétés nationales doit être privilégiée.

Il faut promouvoir partout et tout le temps :

-la collégialité des décisions ;

– le principe du contradictoire ;

– la transparence des méthodes.

Parallèlement la question du modèle économique des médias est posée.

Notre collègue rapporteure distingue les médias de service public et les autres.

Je considère que l’information est un bien public et que comme telle, elle doit faire l’objet de mesures de protection et de promotion.

Il convient d’encourager les médias indépendants en leur donnant un cadre juridique innovant pour garantir la liberté en temps « normal » et en temps de crise !

La gouvernance associant journalistes et lecteurs, l’agrément en cas de changement des actionnaires, l’investissement dans la qualité de l’information produite devraient être des éléments permettant de donner à voir l’indépendance des médias et la qualité des informations qu’elles portent.

L’enjeu est de taille, c’est de ces libertés que dépend la diversité des points de vue.

Il ne faut pas considérer que cela est de tout temps acquis.

Le texte de mon intervention sur le site de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe