« Parcoursup, ma question à la ministre de l’enseignement supérieur sur les iniquités et les inégalités engendrées et sur l’effet premier arrivé, premier servi » par Marietta KARAMANLI

Source image, capture écran depuis la vidéo de la séance publique sur le site de l’Assemblée Nationale

Mardi 4 avril j’ai interrogé la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche sur les effets négatifs de la plateforme Parcoursup, non seulement au moment des candidatures mais aussi en amont en l’absence d’harmonisation de l’évaluation qui compte dans la prise en compte des candidatures.

J’ai rappelé que le comité mis en place par l’Etat notait des effets négatifs pour les boursiers, les titulaires de bacs profs et technologiques mais aussi entre candidats du bac général avec un effet « premier arrivé premier servi ». J’ai aussi fait valoir l’insuffisance d’harmonisation dans l’évaluation qui sert à classer les candidats puisque certains lycées peuvent avoir peu d’évaluations et certains beaucoup. Comme je l’ai indiqué dans ma question « Dans certains cas, l’évaluation est espacée et ponctuelle, et porte sur des connaissances larges. Dans d’autres, elle est régulière et procède d’une vérification étape par étape. Cette disparité est source de stress chez les lycéens et amplifie un mal-être sur lequel s’accordent toutes les enquêtes. »

La ministre après avoir reconnu l’intérêt des sujets s’est contentée de dire que la prise en compte du grand oral du bac servait à corriger le défaut d’harmonisation et que, pour les autres sujets, des objectifs quantitatifs avaient été fixés.

Elle n’a pas évoqué des mesures d’amélioration qualitative de l’articulation entre résultats, candidatures et places. Elle n’a pas non plus précisé comment les admissions pouvaient s’adapter mieux aux préférences exprimées par les lycéens et comment on pouvait les accompagner pour faire que leurs choix soient mieux pris en compte.

Une réforme doit être menée et des places nouvelles avec des parcours prenant en compte la diversité de profils doivent être proposées non seulement à la sortie du lycée mais aussi après.

Comme je l’ai rappelé aussi « Quelle politique engagerez-vous en faveur d’un droit à la formation pour tous valorisant l’acquisition de compétences et d’expériences, y compris après une période de césure ».

Un droit à l’enseignement supérieur avec une sorte de droit d’utilisation reporté dans le temps devrait être ouvert. Un système de bourses plus conséquentes et d’emplois étudiants réellement adaptés devrait être mis en place en parallèle. Je l’ai indiqué « Notre système fait reposer l’entrée dans l’enseignement supérieur sur une concurrence dont l’issue est cruciale lors de l’obtention du bac, alors que, dans d’autres États de l’Union européenne, l’accès à l’enseignement supérieur est un droit garanti par l’État et financé pendant plusieurs années« .

C’est une question importante touchant possiblement toutes les familles.

Marietta KARAMANLI

La vidéo de ma question sur le site de l’Assemblée Nationale

XVIe législature, Session ordinaire de 2022-2023, Séance du mardi 04 avril 2023

Mme la présidente

La parole est à Mme Marietta Karamanli.

Mme Marietta Karamanli (SOC)

Parcoursup n’est pas seulement une plateforme d’orientation – et in fine de sélection – des candidats à une formation d’enseignement supérieur, en particulier de niveau bac + 3, c’est aussi une procédure dont les effets se font sentir tout au long des années de lycée. Dans son rapport au Parlement de 2022, le comité éthique et scientifique de Parcoursup (CESP) a mis en évidence des enjeux d’équité dans trois domaines : les demandes et les parcours des élèves boursiers ; les demandes et les parcours des élèves de terminales professionnelles et technologiques ; l’harmonisation du traitement entre les élèves – l’inégalité dans ce domaine est renforcée par l’effet « premier arrivé, premier servi ».

Les associations de parents d’élèves ont souligné l’impact négatif de Parcoursup sur certains élèves. En effet, la manière de les évaluer varie significativement au sein d’un même établissement, entre les établissements d’un même territoire et entre les établissements de territoires différents. Dans certains cas, l’évaluation est espacée et ponctuelle, et porte sur des connaissances larges. Dans d’autres, elle est régulière et procède d’une vérification étape par étape. Cette disparité est source de stress chez les lycéens et amplifie un mal-être sur lequel s’accordent toutes les enquêtes.

Enfin, notre système fait reposer l’entrée dans l’enseignement supérieur sur une concurrence dont l’issue est cruciale lors de l’obtention du bac, alors que, dans d’autres États de l’Union européenne, l’accès à l’enseignement supérieur est un droit garanti par l’État et financé pendant plusieurs années. Vous connaissez bien sûr toutes ces difficultés, madame la ministre. J’en viens donc à mes questions.

Quels objectifs quantifiés et quels quotas entendez-vous promouvoir pour les élèves boursiers et les élèves de la filière professionnelle ? Quelle méthode utiliserez-vous pour limiter les risques d’inégalité liés à l’évaluation continue des lycéens ? Quelle politique engagerez-vous en faveur d’un droit à la formation pour tous valorisant l’acquisition de compétences et d’expériences, y compris après une période de césure ?

Mme la présidente

La parole est à Mme la ministre.

Mme Sylvie Retailleau, ministre

Ces questions sont importantes pour nos étudiants, madame la députée. Pour garantir l’équité entre les élèves, autrefois assurée par la simple obtention du bac, nous avons introduit cette année, dans le dossier de l’élève sur Parcoursup, les épreuves de spécialité du bac général, ce qui renforce l’objectivation du dossier et valorise l’examen lui-même. Cette évolution était repoussée depuis deux ans en raison de la crise sanitaire. Sa mise en œuvre en 2023 a permis d’enrichir le dossier des élèves sur Parcoursup de manière générale et homogène.

S’agissant des objectifs chiffrés, ils concernent tout d’abord les élèves boursiers et ont augmenté de 5 points depuis le lancement de Parcoursup : ce sont aujourd’hui 25 %, et non 20 %, de boursiers qui sont accueillis dans l’enseignement supérieur et la recherche. Le dispositif des Cordées de la réussite est valorisé et désormais pris en considération par les commissions d’examen des vœux.

Pour les instituts universitaires de technologie (IUT) et les BUT, des objectifs chiffrés sont fixés concernant les élèves issus des bacs technologiques. Les taux varient selon les disciplines, mais ils représentent environ 40 % ou 50 %. De même, des objectifs ont été définis dans les BTS, selon les types de formation, concernant le nombre d’élèves titulaires de bacs professionnels. Pour certains élèves et certaines formations, il existe bien des objectifs chiffrés à atteindre sur Parcoursup, sous le contrôle des commissions d’examen des vœux.