« Projet de loi sur l’immigration et l’asile : un projet qui ne résoudra rien, qui est déconnecté des moyens utiles et porte possiblement atteinte aux droits des personnes ayant droit à une protection humanitaire, retrouvez mes échanges avec les internautes sur le site du Journal « Le Monde » »

Le 21 février 2018, j’ai participé à l’invitation du journal Le Monde, que je remercie ici, à un Chat avec les lecteurs du journal en parallèle des positions de la députée Marie Guévenoux (LRM) sur le projet de loi sur l’immigration.

Je vous invite à retrouver mon analyse, mes observations et mes interrogations sur ce projet qui ne répond ni au défi de l’immigration en Europe, ni à la nécessité de traiter correctement les demandes des réfugiés ni d’assurer l’intégration de ceux qui bénéficieront d’une protection humanitaire en application des conventions internationales.

http://www.lemonde.fr/immigration-et-diversite/live/2018/02/21/loi-asile-et-immigration-debattez-avec-deux-deputees-de-la-majorite-et-de-l-opposition_5260136_1654200.html

Retrouvez aussi la vidéo de mon propos.

http://www.lemonde.fr/societe/video/2018/02/21/pour-ou-contre-la-loi-asile-et-immigration-les-arguments-de-deux-deputees-en-deux-minutes_5260508_3224.html

En un an le Président a, me semble t-il,  changé d’avis sur la protection humanitaire : en janvier 2017 lors de son passage à Berlin, il s’était clairement démarqué de la  position du gouvernement auquel il avait appartenu, je cite la presse « louant la politique d’accueil de Mme Merkel qui avait ouvert le territoire allemand à un million de migrants ou réfugiés en 2015 ». Il la remerciait d’avoir «sauvé nos valeurs communes».

Depuis 2003, il y a eu 7 lois et ce projet, soit en environ 15 ans (2003-2018) une loi tous les 2 ans ! De plus ce projet est déconnecté de la réalité…

Il faut garder raison : si en 2016 notre pays a accordé sa protection humanitaire à 29 000 personnes réfugiées, notre voisine d’Outre Rhin l’Allemagne en a fait bénéficier plus de 400 000 migrants.

Si le projet de loi prévoit plus de rétentions longues pour les étrangers en situation d’attente ou ceux pour laquelle la décision de maintien en France est négative, l’analyse des chiffres montre qu’au-delà de 15 jours dans un centre, le taux d’éloignement est inférieur à 2% ou 1%. Il faut d’abord se préoccuper de pourquoi ça ne marche pas avant de vouloir ajouter de nouvelles dispositions « au-dessus » de celles existante… comment faire plus quand on ne peut déjà faire moins?…

Par ailleurs comme je l’ai noté les crédits dédiés à l’immigration, l’asile et l’intégration seront en réduction de 1,4 % pour les trois prochaines années (2018-2020) ; pour 2018 les crédits affectés à la lutte contre l’immigration irrégulière sont, eux, en diminution.

Dernier point non détaillé dans mes échanges avec les internautes et la députée Marie Guévenoux (LRM), je crois important de souligner le le caractère international, et pas seulement européen, des crises migratoires que nous connaissons et que confirment les données internationales (notamment celles de l’OCDE). Ces crises naissent de conflits et de tensions internationales dont les enjeux diplomatiques et économiques dépassent très largement la capacité et la légitimité de l’Europe à les traiter seule.  Ne pas impliquer la communauté internationale, l’ONU et son  Conseil de sécurité, les organisations interétatiques régionales et les Etats impliqués directement ou indirectement dans les migrations est, pour moi, une erreur.

Source image : capture de la vidéo sur le site du Journal Le Monde