« Robert Badinter, au service de la Justice et des libertés » par Marietta KARAMANLI

Robert Badinter s’est éteint à 95 ans.

A l’Assemblée Nationale; photo : fond privé Rober Badinter (source Assemblée Nationale)

C’était à bien des égards un homme juste et de Justice.

J’ai eu le plaisir de le rencontrer comme députée.

Je l’avais rencontré d’abord comme rapporteure générale contre la peine de mort du Conseil de l’Europe (Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, APCE) alors qu’il restait engagé à l’international sur ce sujet

Puis j’avais à plusieurs reprises échangé avec lui sur le projet de parquet européen (visant à mieux lutter contre la criminalité trans frontalière en Europe ) que je défendais comme membre de la commission des affaires européennes et membre de la commission des lois, ( cf https://mariettakaramanli.fr/a-linitiative-de-marietta-karamanli-une-premiere-reunion-de-representants-des-parlements-nationaux-de-lunion-europeenne-en-faveur-dun-parquet-europeen-un-succes-significatif-pour-aller-plus-l/ ou https://mariettakaramanli.fr/marietta-karamanli-une-resolution-pour-un-parquet-europeen-contre-la-criminalite-transfrontaliere-europeenne-la-plus-grave-lassemblee-nationale-marque-son-originalite-sa-volonte-et-son-realisme/ ; il était un fort soutien de cette création.

C’était un homme d’écoute, de réflexion et de conviction.

Par la suite j’ai pu recueillir son conseil à l’occasion de quelques rencontres y compris sur la façon dont les partis politiques traitaient sans respect des principes du droit leurs adhérents. Il m’avait livré ce propos « si leurs décisions ne sont pas justes, seule la justice de la République peut y remédier »

Il y a quelques jours, il avait répondu à ma demande qu’il puisse préfacer le livre d’un amis professeur de droit sur la lutte contre les discriminations, en m’indiquant qu’il y était sensible mais ne pouvait y donner suite maintenant car pris par l’écriture d’un livre important.

De toute évidence, il restera un ministre de la Justice qui a non seulement fait abolir la peine de mort, mais aussi mis fin à la pénalisation de l’homosexualité, permis aux citoyens Français de saisir la Cour Européenne des droits de l’homme ( membre de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe des droits de l’homme (CEDH) et de la commission de désignation des Juges de cette Cour, j’y suis ô combien sensible) ; il était aussi et toujours attentif au sens des sanctions pénales et à la situation des détenus.

J’entends déposer dans quelques jours une résolution permettant à l’Assemblée Nationale de discuter des décisions de la CEDH, les différentes majorités parlementaires y ont été jusque-là assez hostiles.

Il ne suffit pas de louer la mémoire des femmes et hommes mais aussi et bien de la faire vivre. Modestement je m’y emploierai.

Marietta KARAMANLI