« Tensions en Méditerranée Orientale, l’Europe doit se réveiller » par Marietta KARAMANLI, Secrétaire de la Commission des Affaires Européennes de l’Assemblée Nationale

Le 20 août 2020 j’ai publié dans le quotidien national Grec « Ta Néa » (80 000 journaux ) une tribune appelant au réveil de l’Europe face aux problèmes entre la GRECE et la TURQUIE, seule façon de traiter les tensions entre les deux pays, née entre autres de la volonté actuelle du régime d’Erdogan de séduire la franche la plus nationaliste de son opinion et de son électorat, et intervenant dans un contexte de « puzzle géopolitique complexe ».

Je vous livre cette opinion en Français et en Grec

La page sur le site du quotidien numérique Ta Néa est  https://www.tanea.gr/editor/karamanli-marietta/?printed

« L’Europe doit se réveiller  »

La France a décidé de renforcer sa présence en Méditerranée orientale en participant à des exercices militaires conjoints avec la Grèce. Cette décision du Président MACRON est saluée par les autorités et les forces politiques de celle-ci.

Ce dernier s’est d’ailleurs adressé (en grec) à l’opinion publique grecque via les réseaux sociaux pour y appeler à la vigilance sur la sécurité ; le geste a été apprécié.

Cette décision intervient dans un contexte de fortes tensions en mer Égée pour la Grèce et en Méditerranée orientale pour la France.

La Grèce est confrontée en mer Égée à des violations régulières par l’armée turque de ses espaces aérien et maritime en contradiction avec les engagements pris par son voisin.

La France, elle, dénonce la violation en méditerranée orientale par la même Turquie de l’embargo décidé par l’ONU en direction de la Libye pour empêcher l’exportation d’armes vers celle-ci: elle l’accuse aussi de faciliter l’installation de Djiadistes sur place.

Pourtant les trois États appartiennent au même dispositif de sécurité collective qu’est l’ Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

Cette participation intervient donc à un moment particulier et illustre des potentialités.

La France et la Grèce réaffirment leurs convergences en matière de sécurité alors même que la Turquie fait l’objet de sanctions décidées par l’Union européenne à la suite d’explorations gazifières dans les eaux chypriotes.

Par ailleurs l’OTAN connaît une crise politique née des décisions de l’administration Trump et de choix différents des alliés dans leurs interventions à l’extérieur de l’Atlantique Nord, le cadre militaire de l’alliance restant lui entièrement opérationnel.

Enfin de son côté, la Russie recherche à l’instar de la Turquie un point d’ancrage en prenant pied en Libye dans le conflit opposant le gouvernement d’Union nationale au maréchal Haftar, puissant dans l’est du Pays. Cette situation marque elle-même pour beaucoup d’observateurs un recul des puissances européennes historiquement impliquées dans cette partie de la Méditerranée. De son côté la Turquie garde via les voies de migration, à partir de son territoire et celui de la Libye un fort moyen de pression face à l’Europe qui craint un afflux de migrants qu’elle ne maîtriserait pas

On l’a bien compris il s’agit d’un immense puzzle complexe.

La solution réside dans un mix de solutions nationales et bilatérales et aussi européennes. Au premier cas le renforcement des partenariats bilatéraux apparaît nécessaire. L’exemple Franco grec est non seulement utile mais pourrait être exemplaire.

Parallèlement comme pour beaucoup d’autres sujets, l’Europe apparaît le vecteur non seulement utile mais aussi indispensable pour apporter des solutions durables.

La politique étrangère de l’Union reste, il est vrai, le plus souvent, marquée par l’abstention de toute prise de position stratégique forte. Il faudrait changer de braquet. Des pistes nouvelles doivent être explorées et mises en œuvre.

L’Union européenne devrait prendre l’initiative d’une grande conférence méditerranéenne, et mettre en avant le développement conjoint et la démocratie pour l’ensemble des États concernés. Évidemment face à des stratégies d’extension et d’influences d’États comme la Turquie et la Russie, cette proposition peut apparaître dérisoire ou accessoire, elle permettrait néanmoins de mobiliser l’ensemble des États l’UE et de donner à voir des priorités communes à la lumière de l’engagement de tous.